capeler v. tr.
〈Basse Bretagne, Manche〉 peu usuel "revêtir, mettre sur soi (un vêtement et, en part., un tricot, une veste, un ciré, un caban)". Stand. enfiler, passer.
— Surtout au part. passé / adj. capelé dans / en "habillé avec /de".
1. […] du côté du quai, où je le trouverais [le grand-père], non pas tout capelé en ciré et suroît – vêtements réservés pour la mer, […] que l’on se fût ridiculisé à porter sous « quelques gouttes d’eau douce » –, mais recevant stoïquement l’averse, comme tout un chacun. (A. Pollier, Femmes de Groix, 1983, 96.)
2. Accablés de fatigue, le reste de l’équipage, deux matelots, dormaient dans le poste,
capelés dans leurs cirés jaunes, encore bottés. (J. Failler, Marée blanche, 1996 [1994], 11.)
3. […] des enfants capelés dans des ceintures de sauvetage et des cirés embarquaient sur les caravelles école[s]
d’un centre nautique. (J. Failler, On a volé la Belle Étoile !, 1996, 108.)
◆◆ commentaire. Analogique de fr. capeler (t. de marine) "passer une manœuvre sur la tête d’un mât, sur le bout d’une vergue" (dep. 1687, v. TLF), cet emploi est caractéristique des côtes de la Bretagne et de
la Manche. Attesté en 1833 (« Il faudra bientôt en découdre, se disent les matelots. Le commandant vient de capeler
son grand uniforme » E. Corbière, La Mer et les marins, dans DDL 13, 47), il est pris en compte par la lexicographie générale dep. La Châtre
1852 (« Les matelots se servent de ce verbe pour dire revêtir » DDL, loc. cit.) et accueilli dans les dictionnaires généraux contemporains, sans marque (GLLF et
TLF) ou comme « argot des marins » (Rob 1985).
◇◇ bibliographie. EsnaultMétaph 1925, 244 « plutôt pop., très usuel » à Brest, Audierne, Lorient, au tournant du 20e s., mais « peu usité à Nantes (civils) » en 1910-1917a ; LepelleyNormandie 1993 ; FEW 2, 293a, capellus.
a Encore entendu à Nantes en 1950-1960 (P. R.).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Côtes-d’Armor, 30 % ; Finistère, 20 % ; Morbihan, 10 %.
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