cargolade n. f.
〈Pyrénées-Orientales〉 usuel
1. "mets fait d’escargots grillés en plein air sur de la braise (de sarments), traditionnellement
accompagnés de tartines d’aïoli".
1. C’est au grand jour et en plein air que la cargolade prend toute sa signification, tout comme la braise pourpre et encore palpitante d’où
s’exhale l’âme des sarments de carignan, seul combustible digne de recevoir […] le
petit escargot gris […]. À cette vigne à qui le Roussillon doit déjà tant, la cargolade doit, elle, ce fumet que rien ne remplace […]. (Y. Hoffmann, « Une gastronomie de soleil », dans Les Vins du Roussillon, 1980, 121.)
2. Bien brossés et lavés après un jeûne de quinze jours au moins, ils [les escargots
petits-gris] sont simplement remplis de sel et de poivre avec un peu de lard gras
haché fin. Le persil est facultatif, l’ail aussi. C’est une recette que l’on appelle
cargolade, et qui fournit l’occasion de faire la fête en plein air. (L’Événement du jeudi, 13 juillet 1989, 127.)
3. Quand il avait plu, avec ma mère et Julie nous partions à la « chasse aux escargots ». […] Et nous allions tous les trois sur les chemins détrempés, à la recherche des
petits-gris. C’était alors l’espoir d’une de ces somptueuses cargolades dont je garde un souvenir ému. (J.-L. Magnon, Les Larmes de la vigne, 1996 [1991, 38].)
4. La cargolade est notre plat national de fête. Il s’agit du « plat des escargots » – du fait qu’escargot, en catalan, se dit cargol. Les meilleurs, les plus « racés », se ramassent en terrain sec, sur des collines bien choisies des Corbières, si possible
du côté d’Opoul ou de Fitou. […] On les aligne, bouche en l’air, coquille contre coquille,
sur des grils spéciaux qu’on pose sur de fortes braises […]. On fait tomber sur chacun
d’eux une pincée de poivre et quelques gouttes de lard fondu. On ne retire le gril
que lorsque les escargots bavent à souhait. (A. Conte, Au village de mon enfance, 1994, 106.)
■ encyclopédie. Recette de « Cargolade » dans A. Bonnaure, La Cuisine rustique. Languedoc, 1971, 59.
2. Par méton. "repas pris en plein air, dont ce mets constitue le plat principal".
5. Aujourd’hui la cargolade réunit autour des grils improvisés les urbains nostalgiques. (Chr. Amiel et al., Jours de vigne, 1981, 129.)
6. Sur la plage, les marins organisent des sardinades [= grillades de sardines], des
cargolades – les escargots cuits au feu de bois se mangent avec des tartines d’aïoli ou de sauce
catalane (tomates, poivrons). (Le Monde Dimanche, 4 juillet 1982, VI.)
7. Seules les braises pourpres des sarments de vigne sont dignes de recevoir les petits
escargots gris tout juste ramassés dans la garrigue ; il faut le vent pour dissiper
la fumée du brasier et répandre l’odeur d’aïoli sans lequel la cargolade ne serait pas ce qu’elle est […]. (Pays et gens de France, n° 63, les Pyrénées-Orientales, 6 janvier 1983, 16.)
8. Que serait la table du Roussillon sans la cargolade, cette formidable fête à l’escargot dont l’origine remonte à la nuit des temps. On
se réunit entre amis et on fait griller des petits gris sur les braises. Du sel, un
peu de piment, des herbes, des tartines d’aïoli et un vin blanc bien frais […]. (É. de
Meurville & M. Creignou, Le Guide des gourmands 1991, 1990, 134.)
V. encore s.v. cagouille, ex. 8.
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1900 dans Le Progrès culinaire (v. HöflerRézArtCulin), le terme est emprunté, avec adaptation phonétique, au cat.
roussillonnais cargolada (AlcM ; BotetVocRoss 1997), de même sens, documenté plus tardivement (Les Feuillets occitans 3 (1927), 70 ; cat. caragolada "menjada de caragols" dep. 1909, AlcM). Il n’est pas pris en compte par la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. CampsRoussillon 1991 ; FauconHérault 1994 cagarolade ; aj. à FEW 2, 1005a, conchylium.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Pyrénées-Orientales, 100 %.
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