chaurée n. f.
〈Champagne, Ardennes, Lorraine〉 vieillissant
1. Souvent au pl. "bouffée de chaleur". Je sens une chaurée qui monte (TamineArdennes 1992). Quand on ne voit plus ses règles [= à la ménopause], on attrape des chaurées (MartinLorr 1995, 46).
1. […] comme par enchantement, les chaurées de la grand’mère disparaissaient huit jours plus tard, les rhumatismes et la sciatique
vous laissaient dormir en paix et l’acné juvénile de not’ Denise diminuait à vue d’œil.
(G. Remy, En cueillant les brimbelles, 1986, 83.)
2. Pour Mélanie, l’évocation de tous ces souvenirs, maintes et maintes fois racontés
par elle, faisait revivre sa mère telle qu’en son cœur elle demeurait pour toujours
[…]. / Le vide qu’elle avait laissé, avec l’incertitude de son propre avenir, lorsqu’elle
les réalisait ainsi, lui donnaient de brusques chaurées [en note : bouffées de chaleur]. (A.-M. Blanc, Pays-Haut, 1988, 21.)
3. Vasistas avait attendu, mais plus loin, contre l’éboulis du mur. Il y faisait une
tache visible, l’idiot, car il était déjà en slip et maillot de corps, son uniforme
jeté aux orties. Il agitait faiblement le tablier de jardin. La Mère Aza en avait
des chaurées. (A. Perry-Bouquet, Les Landaus de la Mère Aza, 1989, 91.)
4. Les femmes […] ont moins de chaûrées grâce au traitement de la ménopause […]. (G. B., Neuves-Maisons, Meurthe-et-Moselle,
dans L’Est républicain, 8 novembre 1999, 115.)
■ variantes. 〈Bourgogne〉 échaurée n. f. "bouffée de chaleur liée à la ménopause" (TavBourg 1991 ; qui donne le mot comme « n.m. »).
2. "transpiration abondante, notamment sous l’effet d’un effort, d’une souffrance, d’une
inquiétude". Stand. fam. suée. – J’ai fait ce matin tous les carreaux de la maison, j’ai pris une sacrée chaurée (MichelNancy 1994).
5. En fait, ce n’était pas le pied mais toute la base du talon qui avait été sectionnée
par les rayons de la roue [de mobylette]. La douleur se faisait plus aiguë au fil
des minutes. […] je tentai de me remettre debout mais j’avais des chaurées. La tête me tournait. (G.-J. Feller, Libre enfant de Favières, 1998, 174.)
■ graphie. La graphie de l’ex. 4 veut indiquer une voyelle longue [o :].
◆◆ commentaire. Attesté dans le français de Troyes dep. 1761 (« Chaurées, chaleurs qui montent à la tête » Grosley), ce dérivé sur awall. apic. chaur(r)e "chaleur" (FEW), avec suffixe ‑ée, a été également relevé au début du 20e s. dans les patois de la Marne, de la Meuse et des Vosges (FEW). Il est surtout en
usage dans le sud de la Lorraine et en Champagne.
◇◇ bibliographie. GrosleyTroyes 1761 ; SaubinetReims 1845 chaurées pl. ; PutonRemiremont 1901 ; RobRemiremont 1911 ; RaillietReims 1930 ; CrouvChampagne
1975 ; TuaillonRézRégion 1983 ; LanherLitLorr 1990 ; RoquesNancy 1991 ; TavBourg 1991
échaurée ; TamineArdennes 1992 ; MichelNancy 1994 ; MartinLorr 1995 ; LesigneBassignyVôge
1999 ; FEW 2, 103a, calorare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (les deux sens confondus) : Vosges, 85 % ; Haute-Marne,
Meurthe-et-Moselle, 75 % ; Marne, 55 % ; Aube, 50 % ; Ardennes, 30 % ; Moselle, 25 % ;
Meuse, 15 %.
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