cheulard, ‑arde adj. et n.
〈Lorraine〉 pop.
1. N. m. et f. "amateur de bonne chère". Stand. gourmet, fine gueule.
1. À toutes les bonnes mamiches [= vieilles]
Et tous nos bons goulafs [= gourmands] Et cheulards de Lorraine Pour qui ce livre est consacré… (J.-M. Cuny, La Cuisine lorraine, 1975, 1.) 2. N. m. et f. ou adj. "(personne) qui s'adonne à la boisson". Stand. buveur, ivrogne. – C'est un sacré cheulard, on ne le voit jamais à jeun (MichelNancy 1994).
2. Hugo pousse machinalement la porte du petit café. Accrochés au bastingage du café,
les cheulards ne leur jettent pas un cil, trop occupés par leur imbibition progressive. (E. Hanska,
Une hirondelle dans le beffroi, 1997, 22.)
3. Il y a de plus en plus d'accidentés de la route à cause des cheûlards. (G. B., Neuves-Maisons, Meurthe-et-Moselle, dans L'Est républicain, 8 novembre 1999, 115.)
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1870 dans Le Sublime, de D. Poulot (d'origine franc-comtoise), cheulard a fait carrière, grâce à cet auteur, au tournant des 19e et 20e s., dans le français populaire parisien (il sera repris par A. Daudet en 1871 et
par Zola en 1877) et dans l'argot (dep. Larchey 1881, qui cite Zola ; Bruant 1901 ;
France 1910 ; SainéanParis 1920 ; aussi EsnaultArg 1965). Enregistré dans GLLF (« dialect. », avec l'ex. de Daudet) et TLF (« région. », avec les ex. de Daudet et de Zola), il est absent des dictionnaires d'argot de la
fin du 20e s. (mais figure dans GiraudBistrot 1989, avec cependant le seul ex. de Zola 1877).
Dérivé sur cheuler "s'adonner à la boisson" (attesté dep. ca 1620 en Bourgogne sous la forme patoise cheulai – v. ;La Monnoye, glossaire des Noei borguignon, Dijon, 1720, 170-171 –, le verbe a été relevé aux 19e et 20e siècles en Normandie, Haute Bretagne, Bourgogne, Champagne, Lorraine), avec le suffixe
‑ard à connotation populaire (cf. cheulin, en pat. savoyard dep. ConstDésSav 1902).
◇◇ bibliographie. RoquesNancy 1979 ; Straka MélHubschmid 1982, 715-722 ; LanherLitLorr 1990 ; MichelNancy
1994 « usuel » ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 11, 566b, sibilare (y rattacher les formes de cheuler égarées ibid. 11, 663b, sitis).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Meurthe-et-Moselle, 10 % ; Meuse, Moselle, Vosges, 0 %. (2) Vosges, 85 % ; Meurthe-et-Moselle, Moselle, 50 % ; Meuse, 30 %.
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