clouque n. f.
〈Isère (St-Pierre-de-Méaroz), Gard, Hérault, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques,
Landes, Gironde〉 rural "poule qui couve (stand. couveuse) ; poule qui a des petits poussins (stand. mère poule)". Synon. région. glousse*. – Une bonne clouque (A. Yzac, Le Dernier de la lune, 2000, 27).
1. La poule noire d’Adrienne a couvé toute seule en cachette et lui a amené, voilà huit
jours, une de ces couvées d’hiver fragiles, difficiles à réussir malgré les soins
de la grosse clouque, attentive et minutieuse. (M. Rouanet, Bréviaire, 1994 [1978], 267.)
2. Les poussins arrivent dans des cartons percés et on les installe sous la lampe, avec
des écuelles de granulés. […] Il n’y a donc plus de clouque qui te sort un beau jour de derrière les fagots avec son armée de poussins […]. (M. Rouanet,
Je ne dois pas toucher les choses du jardin, 1993, 148.)
— Dans des comparaisons.
3. Ces Mourlane étaient bien glorieux, quoiqu’ils vaillent pas plus que d’autres, surtout
les femmes. […] Clothilde, la petite, était fière. […] On la trouvait jolie en général,
et elle faisait toilette tous les jours. Sa mère se croyait comme une clouque [en note : poule couveuse] qui aurait couvé un aicle [sic]. (G. de Lanauve, Anaïs Monribot, 1995 [1951], 94-95.)
4. […] un pavillon de style basque aux paupière closes, accroupi comme une « clouque » [en note : poule couveuse] dans son nid de paille, derrière une haie de thuyas. (H. Noullet,
La Falourde, 1996, 105.)
5. Cette évolution [dans la manière de porter le deuil d’un proche], calquée sur celle
de la ville, ne s’effectue pas sans heurts. Il y a les précurseurs, fortement critiqués,
et les retardataires, considérés comme vieux-jeu. Dans les années 80, une veuve se
fait remarquer parce que, plusieurs années après la mort de son mari, elle se tient
en retrait lors des folles après-midi du club du troisième âge. « Elle est restée dans son coin, elle était comme une clouque. » (R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, 1998, 182.)
● En appos.
6. – […] Il doit se passer des choses. Les gens sont nerveux comme des poules clouques, ces jours-ci. (R. Escarpit, Les Voyages d’Hazembat. Marin de Gascogne (1789-1801), 1984, 23.)
— Par anal. 〈Tarn-et-Garonne (La Magistère), Pyrénées-Atlantiques (est) (deux témoins, env. 60 ans, Moreux)〉 "fille peu dégourdie" (Témoin né en 1934, enq. DRF 1994-96).
— Comme sobriquet, au m.
7. – Ici, nous avons le cantonnier, il me semble que son vrai nom est Candélaïro, ça
se prononce comme ça… mais tout le monde l’appelle « le Clouque »… peut-être parce qu’il a toujours l’air de couver quelque chose… (J.-P. Chabrol,
La Banquise, 1999 [1998], 250.)
■ remarques. Par rapport à son synon. glousse, clouque a parfois une connotation plaisante (cf. MoreuxRToulouse).
◆◆ commentaire. Le terme est surtout caractéristique aujourd’hui du Sud-Ouest, où il est attesté dep.
1796 dans le français du canton de Caraman (Haute-Garonne) et du Lot-et-Garonne (Feuille du cultivateur 6, respectivement 210 et 272). Il appartient à une famille d’origine onomatopéique
(cf. lat. glocire), largement répandue à date ancienne sous les formes parallèles mfr. clocquer (Palsgrave 1530-1580 ; var. clocloquant 1559 et cloucloucant, 1589, FEW ; aussi clouquer au Québec, rares données 1970-1980, FichierTLFQ) et aocc. cloquiar "glousser" (dep. 1637 dans Doujat, v. ci-dessous s.v. glousse ; cf. aussi Goudouli, FEW), qui ont donné naissance à des déverbaux variés, avec extension
de sens, notamment lang. gasc. clouco "poule couveuse" (dep. 1776 à Bayonne, FEW) auquel est emprunté clouque.
◇◇ bibliographie. JBLGironde 1823, 32 « clouque. Dites, couveuse. Poule qui couve » ; 1891 (E. Le Roy, Le moulin du Frau) ; LambertBayonne 1928, 297 glouque ; SéguyToulouse 1950 « par plaisanterie » ; PierdonPérigord 1971 ; NouvelAveyr 1978 ; GonthiéBordeaux 1979 ; DuclouxBordeaux
1980 ; SuireBordeaux 1988 et 2000 ; DucMure 1990 s.v. croche, « à Saint-Pierre de Méaroz [Isère] » ; BoisgontierAquit 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; ChaumardMontcaret 1992 "poule pondeuse" ; CouCévennes 1992 ; MoreuxRToulouse 2000 « occitanisme conscient » ; FEW 4, 160b, glocire.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Aveyron, Gers, Lot, Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées,
Tarn-et-Garonne, 100 % ; Haute-Garonne, Tarn, 75 % ; Landes, 65 % ; Gironde, 50 % ;
Lot-et-Garonne, 40 %.
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