coincher v. intr.
1. [Correspond au subst. coinchée*] 〈Essonne, Val d’Oise, Normandie, Côtes-d’Armor, Finistère, Loire-Atlantique, Mayenne,
Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Indre-et-Loire, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher,
Loiret, Saône-et-Loire (Bresse louhannaise), Côte-d’Or, Doubs〉 usuel "surenchérir à l’annonce faite par l’adversaire (à la manille coinchée)".
1. On coinche ferme. On cogne sur les tables. On discute le coup :
– Pourquoi que t’as jeté ton manillon, sacré farceur ! J’étais maître avec mon roi. (M. Fombeure, Cahiers de l’Ouest 15, janvier-février 1957, 64). 2. [Correspond au subst. coinche*] 〈Haute-Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay), Cantal (vx)〉 usuel "surenchérir à l’annonce faite par l’adversaire (à la manille coinchée) ; par ext. jouer à la coinche". Qui c’est qui coinche ? (SalmonLyon 1995).
2. Chez Victor était un bar de Caluire [Rhône] situé presque en face de l’île Barbe. […] je me dirigeai
vers le fond de la salle où Rouquemoute « coinchait » en compagnie de Totor, de P’tit Michel […] et d’un retraité habitant l’immeuble mitoyen
du bistrot […]. (Cl. Lucas, Suerte, 1998 [1995], 246-247.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
3. Dans l’entre-deux guerres, […] les après-midi dominicaux […], les hommes se rendaient
à l’unique bistrot pour jouer aux cartes. À la manille exclusivement. / De nos jours
tombé en désuétude, ce jeu mettait en présence deux paires de joueurs. […] on pouvait
coincher, c’est-à-dire défier l’adversaire de réaliser son contrat. (J. Mallouet, De mes montagnes, 1997, 143.)
■ dérivés. usuel surcoincher v. intr. "surenchérir à l’annonce d’un adversaire qui a coinché". « Dans cette chambrée d’une quinzaine de lits, je n’avais pas de véritable ami et il
était impossible de s’isoler pour penser, difficile même de lire avec attention, car
il y avait toujours en train une ou plusieurs parties de cartes, d’où partaient des
exclamations, des cris, parfois des altercations qui arrivaient par séries, comme
des vagues, ponctuées de grands coups sur la table pour déclarer “Je coinche”*, “Je surcoinche”. Annonces qui doublaient et quadruplaient la valeur des points, car c’était la manille
coinchée qui était en grande vogue » (G. Berthon, Ce temps ne sera pas perdu. Roman auvergnat 1912-1920, 1977, 203). – Absent de la lexicographie générale et régionale, sauf RézeauOuest
1984 ; aj. à FEW 2, 1535b, cuneus.
◆◆ commentaire. Verbe auto-délocutif, attesté dep. 1957 (v. ici ex. 1), dérivé de la formule de discours
« Je coinche ! » par laquelle on contre l’adversaire (Centre-Ouest), formule qui est probablement,
elle-même, un emploi métaphorique de frm. coincher "prendre qqn au piège" documenté dans l’Ouest à Nantes (FEW 2, 1535b, cuneus) et en Bourgogne sous la forme coinchir (Mâcon 1926 "acculer dans un coin"). Tandis que GLLF consigne le mot sans marque, Rob 1985 et TLF le donnent comme « région. » ; seule une enquête d’ensemble permettrait de préciser les aires d’emploi de ce mot,
qui dépasse très probablement celles ici indiquées.
◇◇ bibliographie. (1) RézeauOuest 1984 et 1990 ; PontoireFondetEureL 1999 « en fr. coincher "contrer au jeu de la manille en frappant du plat de la main sur la table pour doubler
l’enjeu" » ; BlanWalHBret 1999 « usité au jeu de cartes nommé la belote coinchée ou la coinchée ». (2). FréchetMartVelay 1993 ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; SalmonLyon 1995 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1) Essonne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Sarthe, Val-d’Oise, 100 % ; Eure-et-Loir,
80 % ; Maine-et-Loire, 80 % ; Loire-Atlantique, 60 % ; Loiret, 40 % ; Ille-et-Vilaine,
35 % ; Seine-et-Marne, 0 %.
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