commerce n. m.
〈Franche-Comté〉 fam.
1. "grand désordre, remue-ménage".
1. Les chiens ont gratté mon jardin… Ils ont fait un drôle de commerce ! (DromardDoubs 1991, 70.)
2. "ensemble d’objets disparates, bric-à-brac". Synon. région. caillon*, cheni*.
2. Pi y’a l’ salon comme y font maintenant ! Salon pi salle à manger d’une seule [sic] tenant. Y’a un grand caboulot pour ranger tout l’ commerce. Oh, si y sont bien ! (L. Semonin, La Madeleine Proust en forme, 1984, 35.)
3. – […] Comme la vieille Hortense qui habitait ici était morte en juillet, la Fontenotte
était inhabitée et ta mère a voulu s’y installer. J’ai aidé à enlever tout le commerce inutile que l’Hortense accumulait et on l’a brûlé […]. (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 89.)
4. – Moi, je collectionne tout : les cartes postales, les emballages des petits chocolats…
– Quel commerce tu dois avoir chez toi ! (Secrétaire d’origine belfortaine, 48 ans, Belfort, 9 novembre 1998.) 3. "événement malencontreux ; situation compliquée, affaire embrouillée". C’est un drôle de commerce (GrandMignovillard 1977).
5. […] tellement il était nuit en r’venant, voilà que j’ rentre dans une vache ! Une
vache qu’était couchée ! Oh, c’ commerce ! (L. Semonin, La Madeleine Proust, 1990, 224.)
■ remarques. 〈Aussi Drôme, Haute-Loire (Velay)〉 "démarches (répétées, insistantes)" (FréchetMartVelay 1993 « bien connu à partir de 20 ans, connu au-dessous » ; FréchetAnnonay 1995 « globalement bien connu » ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu »).
◆◆ commentaire. Fr. commerce "activité d’achat et de vente" a donné divers sens péjoratifs (dep. 1668 petits commerces "pratiques plus ou moins louches", Molière dans TLF) et/ou intensifs, fondés sur l’activité déployée (cf. l’évolution
analogue de trafic). C’est dans ce paradigme que s’inscrivent les sens ici relevés, attestés dep. 1914
(au sens 1, Pergaud, Le Roman de Miraut, dans Œuvres complètes, 301) et enregistrés dans la lexicographie régionale dep. BoillotGrCombe 1929 ("toutes sortes de choses de nature indéterminée mais embarrassantes"). Le fait que ces sens ne soient pas signalés à date ancienne et qu’ils soient surtout
relevés dans des travaux contemporains concernant les départements du Doubs et du
Jura, invite à y voir une innovation française régionale, qui a pu se diffuser en
France à partir de cette zone. On notera que le mot est très vivant dans la Suisse
romande voisine, où il est attesté dep. 1864 (v. GPSR, avec bibliographie).
◇◇ bibliographie. ParizotJarez [1930-40] ; GarneretLantenne 1959 ; GrandMignovillard 1977 ; DondaineMadProust
1991 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 ; RobezMorez 1995 « usuel » ; Ronchamp (Haute-Saône), comm. pers. de J.-P. Chambon ; Rob 1985 « helvétisme » ; DSR 1997 ; JacquotChampagney 1998 ; FEW 2, 952a, commercium.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Doubs, Haute-Saône, Territoire-de-Belfort, 100 % ; Jura,
0 %.
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