coquin adj. m.
〈Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Haute-Garonne, Gers.〉 Dans des loc. interj. fam. ou pop., vieillissant
1. coquin de sort ! "(pour marquer la surprise, l’admiration, le dépit)". Soirée mémorable, coquin de sort ! (J.-P. Chabrol, La Folie des miens, 1977, 313).
1. – Pas possible, Loule, eh ! pour une surprise c’est une surprise, coquin de sort ! (R. Rivier, Les Transes de melon, 1970, 31.)
2. La guerre / C’est sûr, / La faire, / C’est dur, / Coquin de sort ! (G. Brassens, « La guerre », av. 1981, dans Poèmes & chansons, 1991, 378.)
3. – Coquin de sort ! cette lune… cette lune… on dirait un fruit… un fruit des neiges… Faudrait prévenir
les gens que c’est beau… (H.-Fr. Blanc, Jeu de massacre, 1993 [1991], 33.)
4. – C’est le berger qui parle !
– Coquin de sort ! Et qu’est-ce qu’y dit ? (H. Abert, Le Saut-du-diable, 1993, 112.) V. encore s.v. fan, ex. 11.
— 〈Provence〉 Emploi subst. le coquin de sort loc. nom. m.
● "colère". Surtout dans la loc. verb. il lui prend le coquin de sort "il se met en colère".
● "mauvaise chance, mauvaise fortune". Stand. malchance.
5. Sans guère songer à ce que demain
Le coquin de sort me destine […]. (G. Brassens, « Entre l’Espagne et l’Italie », 1982, dans Poèmes & Chansons, 1991, 318.) 6. Quand le « coquin de sort » s’en mêle / Dans cette rubrique, le paysan classe les imprévus, plus ou moins graves,
qui viennent entraver la « bonne marche des choses ». (E.-M. Gaillard, « Les Blés de l’été », Alpes de lumière, n° 122, février 1997, 75.)
2. coquin de Dieu ! moins usuel "id.".
7. À l’aide d’une aiguille à tricoter du numéro 8, elle transperçait les coings jusqu’au
plus profond d’eux-mêmes pour juger de leur état de cuisson.
– Cette fois, je crois qu’ils sont prêts. O [sic] coquin de Dieu que ça brûle ! Je m’en vais les sortir de leur jus pour les refroidir. (G. Ginoux, Gens de la campagne au Mas des Pialons, 1997, 242.) 3. coquin de pas Dieu ! coquin de bon sang ! (BouvierMartelProv 1982 ; BlanchetProv 1991).
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1829 (Mémoires de Vidocq, t. 3, 173, v. TLF ; le passage est mis dans la bouche d’un certain Hotot, voleur
professionnel, dont l’origine n’est pas indiquée), ce tour est aujourd’hui spontanément
(et parfois caricaturalement) associé à la Provence, en raison de son utilisation
par Daudet et Pagnol, mais il s’est aussi diffusé vers le Sud-Ouest, notamment à Toulouse.
La lexicographie générale contemporaine enregistre plus ou moins ces faits : GLLF
seulement coquin de sort "exclamation méridionale" ; Rob 1985 seulement coquin de sort « loc. région. (Sud de la France) » ; TLF coquin de Dieu, sans marque (avec un ex. d’ A. Arnoux [originaire de Digne], 1956) et coquin de sort « région. (Midi) » ; NPR 1993-2000 coquin de sort « vieilli (sud de la France) ».
◇◇ bibliographie. MichelDaudet coquin de (bon) sort ; BrunMars 1931 ; RostaingPagnol 1942, 118 coquin de sort ; BouvierMars 1986 id. ; BouvierMartelProv 1982, 165-167 ; MartelProv 1988 coquin de sort « encore bien vivant » ; BlanchetProv 1991 ; ArmanetBRhône 1993 coquin de sort ; ArmKasMars 1998 id. ; RoubaudMars 1998, 90 coquin de sort, de bois, de bonsoir, de bon Dieu ; BouisMars 1999 coquin de sort ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 2, 863b, kok-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, 100 % ; Var, 65 % ; Bouches-du-Rhône,
60 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 50 %.
|