corme n. f.
〈Ouest notamment Maine-et-Loire, Vendée〉 "fruit du cormier ou sorbier domestique, de la grosseur d’une bille, comestible lorsqu’il
est blet".
1. – Que veux-tu, « Cabosse », pour changer de sexe, y a que le Procureur de la République qui peut faire ces choses-là…
Ou bien, tu sais ce qu’on dit, ajouta-t-elle en souriant : il faut manger trois cormes pas mûresa. (L. de La Bouillerie, Le Chemin de la rote aux loups, 1969, 24.)
a C’est la redoutable astringence du fruit lorsqu’il est vert qui a entraîné cette croyance ;
cf. « On raconte que, pour changer de sexe, il faut manger sept cormes vertes » (P. Rézeau, Un patois de Vendée. Le parler rural de Vouvant, Paris, Klincksieck, 1976, 138).
2. […] trois cageots de cormes et de poires sauger [?] glanées voici quelques jours près d’une closerie [= ferme] abandonnée. Rien de tel pour donner du corps et de la couleur [au cidre],
assurait mon grand-père. (H. Bazin, L’Église verte, 1983 [1981], 96.)
◆◆ commentaire. Généralement accueilli sans restriction dans la lexicographie référentielle (GLLF ;
Rob 1985 ; TLF ; Lar 2000) et pour cette raison absent des glossaires et dictionnaires
de régionalismes récents, corme apparaît d’abord dans le Roman de la Rose (Orléanais, TL), puis chez Rabelais (Touraine), Paré (Bas Maine ; Littré) et Ronsard
(Vendômois ; Littré), dans la traduction de Merlin Coccaïe (1606 ; texte à localiser dans la moyenne vallée de la Loire, v. Chambon/Chauveau
MélVarFr III, 51-52), chez F. Garasse (1623, Frantext ; auteur né à Angoulême, Charente), F. Bernier (1684 ; Frantext ; auteur né à Joué-Étiau, Maine-et-Loire), George Sand (Frantext et GLLF ; Indre), A. du Breuil (ca mil. 19e siècle, Lar 1869 ; né à Rouen), et, au 20e siècle, sous la plume de Colette (1936, TLF) et d’auteurs du Maine-et-Loire (v. ex. 1-2
ci-dessus) et des Deux-Sèvres (RézeauPérochon 1978), ainsi qu’en Vendée (v. ci-dessus
n. a). Cette répartition concorde avec celle notée par FEW (aj. Indre, ALF 1713 pt 503),
exclusive des parlers ou parlures de l’Ouest, d’une part, et avec la distribution
des toponymes relevant du même type (v. ChambonGreub, avec bibl.), de l’autre. Il
est donc probable que le mot a possédé et possède le caractère d’un large occidentalisme,
dont l’aire a dû inclure Paris et sa région (cf. les toponymes relevant de ce type
lexical dans le Val-d’Oise, l’Essonne et la Brie ; v. ibid.) et qu’il a pu, de ce fait, être employé dans la langue littéraire générale dès le
moyen français (le Petit Saintré ; Jean Roberteret, Forézien, tous deux dans la base MF), passer, sans marquage, dans
la tradition lexicographique générale et être employé passim par des auteurs en dehors de l’Ouest (Colette 1936, TLF). La toponymie montre, en
outre, que dans le cas de Cormes (Sarthe) < Corma, le type est implanté sur son domaine depuis l’époque mérovingienne, probablement
dès ca 620-ca 640 (v. Chambon/Greub). On a donc affaire à un régionalisme de toujours.
◇◇ bibliographie. MussetAunSaint 1931 ; J.-P. Chambon/Y. Greub, « Données nouvelles pour la linguistique gallo-romane : les légendes monétaires mérovingiennes », BSLP 95 (2000), 153-154 ; FEW 2, 1188a, *corma.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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