crochet n. m.
〈Haute-Saône, Territoire-de-Belfort, Doubs, Jura〉 usuel
1. "houe dont le fer est de formes diverses, à deux (parfois trois ou même quatre) pointes
recourbées, utilisée surtout pour le travail de la vigne et l’arrachage des pommes
de terre". Synon. région. bigot*. – Crochet à patates (J. D., Ronchamp, 28 juillet 1999).
1. Il avait beaucoup de vignes. […] Il prenait 7 ouvriers de la Montagne pour sombrer
[= donner la première façon à la vigne], au printemps, au crochet. (J. Garneret, Le Présent d’un village, Villers-Buzon, 1985, 156.)
2. Le Milo. […] on va tous aller tirer* des pommes de terre […].
Le Tintin. Si la maman vient, on risque de manquer d’outils, nous n’avons que deux crocs et puis deux crochets. Le Milo. On empruntera un crochet au Joseph en passant, […] il n’en a pas besoin aujourd’hui. (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », dans Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois,n. s., 19, octobre 1992, 251.) 3. L’arrachage des pommes de terre avait lieu en septembre […]. Il fallait, évidemment,
travailler à l’aide d’un crochet pour ramasser les tubercules. (P. Gardot et S. Mandret, Hugier, d’une guerre à l’autre, 1999, 146.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
4. […] lui donnant un crochet ou un « bigot »* elle lui disait :
– Tiens, Albert, tout en surveillant les vaches, tu donneras un petit coup à la vigne ou aux champs. (P. Arnoux, Afin que rien ne se perde…, 1984, 14.) 2. 〈Aussi Lorraine〉 "fourche dont les dents (le plus souvent au nombre de trois ou quatre) forment un angle
droit par rapport au manche de l’outil, surtout utilisée pour tirer la paille ou le
fumier". Stand. croc. Synon. région. bigot*. – À la foire franche [= vente aux enchères] de chez* Flabouzot, l’Honorin a reconnu son crochet qu’on lui avait volé y a deux ans, et
ça, grâce au manche qu’il avait taillé lui-même (DromardDoubs 1991).
5. Avec un crochet à quatre dents, le paysan déchargeait [le fumier]. (J.-L. Clade, La Vie des paysans franc-comtois dans les années 50, 1988, 78.)
■ remarques. En marge de l’ALFC 227, la carte intitulée « ‘croc’, ‘crochet’, ‘bigot’ », est ainsi commentée : « Le ‘croc’ a seulement deux grosses dents recourbées. Le ‘crochet’ a quatre ou cinq dents plus fines. Le ‘bigot’ au contraire a le plus souvent d’un côté une partie plate, de l’autre deux grosses
dents. Mais dans d’autres localités, il a seulement, comme le ‘croc’ et le ‘crochet’, deux […], quatre […], cinq dents […]. À deux dents, ces outils servent à donner
un labour superficiel ; à quatre ou cinq dents, ils servent à arracher les pommes
de terre, à tirer le foin du tas, à décharger le fumier de la voiture. »
◆◆ commentaire. Enregistré par la lexicographie générale des 19e et 20e siècles, comme terme du vocabulaire de l’agriculture et sans marque diatopique, mfr.
et frm. crochet "houe à fortes dents recourbées" (dep. Eustache Deschamps, v. FEW) est en fait surtout en usage dans l’aire franc-comtoise ;
en dehors de la Franche-Comté (ALFC 227), le type est localisé sur le plan dialectal
dans quelques points de la Meuse (FEW) et des Vosges (BlochLex 1915, 103 ; ALR 96).
Il figure de façon sporadique dans les relevés de régionalismes (GarneretLantenne
1959 ; DromardDoubs 1991 et 1997) et dans la métalangue de quelques glossaires dialectaux
récents (BarreyBreuchin 1978 et surtout GrandjeanFougerolles 1979 « croc […] que l’on nomme régionalement un crochet ») ; Lorraine (comm. A. Litaize). Il est aussi signalé en Suisse romande (GPSR 4, 577).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Haute-Saône, 100 % ; Doubs, Territoire-de-Belfort, 65 % ;
Jura, 30 %.
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