démain n. f.
〈Centre-Ouest〉 fam.
I. Dans des loc. verb.
1. [Le sujet désigne une personne]
1.1 être / se mettre / s’y prendre à la démain "adopter une position inadéquate pour saisir un objet, pour travailler". Synon. région. à désamain*.
— Par ext. "s’y prendre mal, en dépit du bon sens". Comment veux-tu y arriver, tu t’y prends à la démain ! (RézeauOuest 1984).
1.2 ne pas avoir de démain "être particulièrement doué pour toutes sortes d’activités".
1. Hier, comme aujourd’hui, il y avait des gens qui n’étaient pas très dégourdis. Ils
avaient les deux pieds dans le même sabot. Tandis qu’il y avait des gars qui n’avaient pas de démain : ils savaient tout faire, rien ne les arrêtait, rien ne leur faisait peur. (A. Geaudrolet,
Amours paysannes, 1980, 62.)
2. [Le sujet désigne un inanimé concret] être à la démain "être à l’envers, en désordre". Je ne sais pas par quel bout commencer tellement c’est à la démain (RézeauOuest 1984).
II. Loc. adv. et adj. à la démain "à l’envers". Monter une batterie de voiture à la démain (RézeauOuest 1984).
■ remarques. Usuelles dans la langue parlée, ces locutions sont rares à l’écrit ; on peut y voir
la marque d’une certaine stigmatisation.
◆◆ commentaire. Non pris en compte par la lexicographie générale, (être) à la démain (dér. sur fr. (être) à la main "être commodément installé pour faire qqc.", v. TLF s.v. main I H1) semble aujourd’hui en usage surtout dans le Centre-Ouest, où il est attesté
dep. 1808-1825 dans un contexte métalinguistique (« être à la démoin, n’être pas à son aise, être à la démain » Mauduyt). Il s’agit d’une innovation régionale, sans doute plus ancienne, puisqu’elle
a été relevée en Acadie (PoirierAcadG ; CormierAcad 1999 à démain).
◇◇ bibliographie. JaubertCentre 1864 ; ClouzotNiort 1907-1923 être à la démain ; VerrOnillAnjou 1908 ; CormeauMauges 1912 ; MussetAunSaint 1931 ; RougéTouraine
1931 être à démain ; RLiR 42 (1978), 168 (Vendée) ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; PénardCharentes 1993 ;
MauduytR 1994 ; FEW 6/1, 293a, manus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (I) Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne, 100 % ; Vendée, 50 %.
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