échoppe n. f.
〈Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 usuel "petite maison typique de Bordeaux, sans étage, construite entre rue et jardin".
1. […] l’échoppe uniquement en rez-de-chaussée, en cela respectueuse de la défiance gasconne pour
l’escalier fatiguant [sic], avec ses trois pièces, dont une sombre, rappelant la fraîcheur d’un chai, sa souillarde*, sa véranda et son jardinet est un parfait exemple de l’adaptation des mœurs rurales
à la vie urbaine. (GonthiéBordeaux 1979, 22.)
2. […] vers les Charentes et la Gironde, là où la rustique maison périgourdine en petit
appareil et à toit pointu fait graduellement place à la classique « échoppe » bordelaise, maison sans étage, en pierre de taille et à toit plat. (Pays et gens de France, n° 11, la Dordogne, 3 décembre 1981, 7.)
3. L’ « échoppe » bordelaise, sans étage et à toit plat, souligne l’influence de la capitale régionale
jusqu’à Tonneins. (Pays et gens de France, n° 17, le Lot-et-Garonne, 14 janvier 1982, 8.)
4. Ils [les policiers] ont retrouvé cet homme dans une échoppe de la rue Beaufleury en plein quartier Saint-Michel, à Bordeaux. (Sud-Ouest, éd. Gironde, 21 août 1996, C.)
5. P[articulier] loue T 2 rénové RDC 50 m2 dans échoppe […]. (Sud-Ouest, éd. Gironde, 21 août 1996, K [Petites annonces immobilières, rubrique Echoppes].)
6. echoppes / B[ordeau]x St Bruno à v[endre] échoppe 100m2 / séj[our] 50 m2 […]. (Sud-Ouest Dimanche, 14 novembre 1999, 51.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
7. […] ce fut moi qui, à la belle saison, allai le retrouver à Talence. Il y avait pris
pension chez une veuve dans une de ces maisons sans étage que les Bordelais appellent
échoppes. (Fr. Mauriac, Un adolescent d’autrefois, 1982 [1969], 134.)
8. […] ces maisons basses du quartier Mériadec, qu’on appelle à Bordeaux des « échoppes ». (A. Blondin, Quat’ Saisons, 1989 [1975], 135.)
9. Hormis les immeubles du centre, Bordeaux était alors construit uniquement de ce qu’on
appelle localement des échoppes, ce qui ne désigne pas, ainsi que communément, des boutiques, mais des sortes de petites
maisons, la plupart à un étage [sic], modestes et serrées les unes contre les autres en façade, avec chacune son jardin
derrière. Ce n’est pas le seul cas, dans la langue populaire de la Guyenne, où le
sens d’un mot reflète encore aujourd’hui, depuis le quinzième siècle, la diffraction
sémantique anglaise. (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1976, 32.)
10. Rues tristes et monotones […], rues bordées d’échoppes […]. Les échoppes, ce sont des maisons typiquement bordelaises, de plain-pied, avec un couloir central,
le plus souvent carrelé, afin de maintenir quelque fraîcheur durant les jours d’été.
De part et d’autre, s’ouvrent les deux chambres principales qui donnent, chacune,
par une fenêtre aux volets de bois, sur la rue. Puis viennent deux pièces sombres.
Deux autres, enfin, prologées par une véranda et un office, qu’on appelle ici souillarde*, ouvrent sur un petit jardin qui représente à peu près la superficie de la maison
et qui est séparé des jardins voisins par un mur de brique fleuri de giroflées ou
de poiriers en espalier. (B. Delvaille, Bordeaux, 1985, 66-67.)
11. Bordeaux est comme une ville posée sur un socle ; de hauts immeubles alternent avec
des maisons basses, sans étage, d’un gris foncé, qu’on appelle des « échoppes ». (J. Cayrol, Les Châtaignes, 1986, 69.)
12. Du xixe siècle enfin, [datent] les innombrables « échoppes » qui cernent le centre-ville [de Bordeaux]. Sous ce nom se cachent non pas des boutiques,
mais d’humbles maisons sans étage typiquement bordelaises. […] La ville en compte
en exactement 10 937, qui font le bonheur des retraités et des jeunes couples, mais
sont trop souvent défigurées par des adjonctions de leurs modernes propriétaires.
(François Dufay, Le Point, 21 janvier 2000, 60.)
■ encyclopédie. Ces maisons ont été construites « dans les quartiers périphériques et les banlieues durant la seconde moitié du xixe siècle et jusqu’à la première guerre mondiale » (M. Wiedemann, dans Mélanges Simon Jeune, 1990, 376). « On distingue l’“échoppe simple”, qui se compose de trois pièces en enfilade desservies par un couloir latéral, et
l’“échoppe double”, avec trois pièces de chaque côté d’un couloir central » (BoisgontierAquit 1991).
◆◆ commentaire. Si fr. échoppe "boutique" provient de moy. néerl. schoppe, le sens ici décrit et référant typiquement à la ville de Bordeaux, est emprunté à
l’angl. (FEW, qui indique dep. 1358 à Bordeaux shope "petite boutique en planche, souvent en appentis" ; au 18e s. à Bordeaux échope, Saintonge échoppe "petite maison sans étage" d’après Eveillé), avec alignement sur échoppe "boutique" pour le é- initial. Dénoncé par JBLGironde 1823, 34, ce sens est absent des dictionnaires généraux
contemporains, sauf de Rob 1985 qui l’indique comme « régional (Bordeaux) » avec un exemple de Mauriac (pour lequel v. encore Wiedeman MélJeune 1990, 376). Son
aire de diffusion est typique de la zone d’influence propre de Bordeaux.
◇◇ bibliographie. GonthiéBordeaux 1979 ; DuclouxBordeaux 1980 ; TuaillonRézRégion 1983 (Bordeaux) ;
SuireBordeaux 1988 et 2000 ; BoisgontierAquit 1991 ; ChaumardMontcaret 1992 ; FEW 17, 54a, schoppe.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Gironde, Landes, 100 % ; Pyrénées-Atlantiques, 50 % ; Lot-et-Garonne,
40 % ; Gers, Hautes-Pyrénées, 0 %.
|