escaper v.
〈Hautes-Alpes, Provence, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne (Toulouse), Aveyron〉 fam.
1. Emploi trans. [Le sujet désigne un animé] "éviter, fuir". Stand échapper à. – J’ai escapé l’orage (GermiChampsaur 1996).
2. Emploi trans. indir. [Le sujet désigne un inanimé] "être hors du contrôle de quelqu’un". Stand. échapper à. – Je ne sais pas comment j’ai fait, ça m’a escapé (CampsRoussillon 1991).
— En part. [Le sujet désigne un discours] Quand je parle français, le patois m’escape (NouvelAveyr 1978).
3. Emploi pron. [Le sujet désigne un animé] "prendre la fuite". Stand. s’échapper, s’enfuir, se sauver. – Quand il m’a vu, il s’est vite escapé (GermiChampsaur 1996).
1. […] le cochon […] n’était plus là. Il s’était « escapé ». (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 178.)
2. – […] elle s’escape […] ses patins à roulettes aux pieds […]. (M. Perrein, Les Cotonniers de Bassalane, 1984, 302.)
3. – Sacré couillon*, va ! Tu croyais pouvoir t’escaper comme ça ? (P.-J. Vuillemin, Les Contes du pastis, 1988, 83.)
4. – Vous pouvez pas rester là, monsieur Savelli…
– Pour la journée je suis tranquille […]. J’ai pas trop peur qu’ils m’envoient des nèrvis [= hommes de main] dans la journée. Mais tant* ils reviennent cette nuit. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Il faudrait que je m’escape, mais comment vous voulez… (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 204.) 5. Je me prends une tarte derrière la tête. Son père furieux, me regarde en tremblant
de rage […]. Je m’escape en courant […]. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 151.)
◆◆ commentaire. En usage dans une aire compacte du Sud-Est et dans quelques aires ponctuelles du Languedoc,
escaper est un emprunt récent à occ. (et cat.) escapar de même sens (Mistral ; AlcM). Parallèle à fr. échapper et proche, sur le plan formel, de fr. escapade et rescaper, il n’est pas documenté à date ancienne et les relevés régionaux ne l’enregistrent,
semble-t-il, que depuis deux décennies. Il est absent des dictionnaires généraux contemporains
et la base Frantext n’en offre aucune occurrence.
◇◇ bibliographie. NouvelAveyr 1978 ; GermiLucciGap 1985 « courant ; la forme pronominale est extrêmement vivante à Gap » ; MartelProv 1988 ; CampsRoussillon 1991 ; GermiChampsaur 1996 ; ArmKasMars 1998 ;
MoreuxRToulouse 2000 « informateurs âgés » ; FEW 3, 268a, *excappare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Alpes-Maritimes, 100 % ; Bouches-du-Rhône, 80 % ; Hautes-Alpes,
75 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Var, Vaucluse, 65 %.
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