furer v.
〈Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault〉 arg. ou pop.
1. Emploi tr.
— "avoir ou chercher à avoir des relations amoureuses avec qqn". Stand. flirter, fam. draguer. Synon. région. courater*.
1. – […] Toi et Nono, on vous a attendus toute la nuit ! Vous pourriez prévenir quand
vous allez furer les filles ! (M. Courbou, Les Chapacans, 1994, 157.)
— "embrasser, caresser avec insistance, serrer de près". Stand. fam. peloter. Synon. région. esquicher*.
2. On distingue vaguement deux silhouettes d’amoureux enlacés derrière les vitres [d’une
voiture] teintées façon miroir. C’est vrai que l’endroit est assez bien choisi pour
venir furer sa conquête du jour […]. (Ph. Carrese, Filet garni, 1996, 172.)
● Emploi abs. (en contexte métalinguistique).
3. Ils [à Paris] s’embrassent. On [à Marseille] fure. (« Marseille c’est pas la France ! » [1993], dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 149.)
2. Emploi intr. "avoir ou chercher à avoir des relations amoureuses avec quelqu’un". Stand. fam. draguer. Synon. région. courater*. – Oh Zé, on va furer, cet aprèm ? (BouvMars 1986).
4. Une ou deux bagnoles sont passées en direction des Goudes, sans doute des couples
illégitimes s’en allant furer. (Ph. Carrese, Tue-les, à chaque fois, 1999, 32.)
— furer avec qqn.
5. Si la rumeur publique répandait trop tôt le fait que l’instituteur de Chamborigaud
fure avec la suppléante du Chambon, il y aurait vite des changements d’office dans les mouvements
de l’Académie. (J.-P. Chabrol, Le Bonheur du manchot, 1995 [1993], 111.)
● [Par analogie]
6. […] un bâtard de teckel et berger allemand en train de furer avec une vieille épagneul toute usée… (Ph. Carrese, Trois jours d’engatse, 1995, 106.)
◆◆ commentaire. Emprunt au pr. fura "fouiller" (PellasAix 1723), furar "fureter, fouiller, chercher partout" (AchardMars 1785 ; cf. ReynierMars 1829 furner "fureter"), avec restriction sémantique. Non pris en compte par la lexicographie générale,
furer n’est enregistré que depuis peu dans les relevés régionaux et semble un trait assez
récent du français de Provence et du Languedoc oriental ; sa présence dans MerleArgot
1996 est peut-être l’indice qu’il est en cours de dérégionalisationa.
a Doillon, septembre 1986, 29 rapporte le témoignage d’un « correspondant Parisien », selon lequel le mot « se disait dans les années fin 1950 début 1960 (Midi et milieu des Beaux-Arts, Paris) ».
◇◇ bibliographie. Cf. KnoppSchülArg 1979, 172 chercher une fure "faire la cour, flirter" (Avignon) ; BouvierMars 1986 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; ArmanetBRhône
1993 ; MazodierAlès 1996 ; ArmKasMars 1998 ; BouisMars 1999 ; aj. à FEW 3, 882b, furare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bouches-du-Rhône, 100 % ; Var, Vaucluse, 80 % ; Alpes-de-Haute-Provence,
65 % ; Hautes-Alpes, 50 % ; Alpes-Maritimes, 30 %. EnqCompl. 1999 : Taux de reconnaissance : Alpes-de-Haute-Provence, 90 % ; Gard, 70 % ; Hérault, 65 %.
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