gore n. m.
1. 〈Rhône (spor.), Loire, Ardèche (nord), Puy-de-Dôme (est)〉 "sable granitique grossier". Synon. région. cran2*. – Le gore. On s’en sert pour faire des cours [sic] de tennis en plein air (CottetLyon 1996).
1. On avait aménagé [pour la vogue*] un coin de place – souvent entre l’Hôtel du Midi et le poids public – en salle de
bal avec sapins verts, girandoles, sol avec du gore arrosé et damé, estrade où se hissaient les musiciens largement abreuvés. (Ch. Forot,
M. Carlat, Le Feu sous la cendre, 1979, t. 1, 394.)
2. La base de la motte était suivie par un fossé, dont une section a été fouillée au
sud-ouest. Le fond concave en était creusé dans les couches supérieures, plus ou moins
décomposées, du rocher (gore) (fig. 5). Du côté interne, les terres de la motte étaient retenues par des installations
remaniées à plusieurs reprises et difficiles à analyser : l’aménagement primitif semble
avoir consisté en un mur […], ancré dans le socle rocheux par l’intermédiaire d’un
bourrelet taillé dans le gore ou d’une arête ménagée dans le rocher compact (fig. 7). (G. Fournier, « Meymont. Fouilles de l’ancien château », dans Le Canton d’Olliergues, Histoire et archéologie, hors série n° 18 des Chroniques historiques d’Ambert et de son arrondissement, 1991, 14.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
3. Ce terre-plein, sablé de gore – granite complètement décomposé – est encadré de demeures d’été, toutes bellement
ravalées – des originaires galetteux, établis à Clermont, Paris, Lyon. (L. Gachon,
La Petite-fille de Maria, 1974, 91.)
4. Le fossé, creusé dans du granite en décomposition, le « gore », recoupe la pente dans ses parties nord et sud. (M.-P. Roux, « Site médiéval du Bois de la Feuille, commune de Dore l’Église », Chroniques historiques d’Ambert et de son arrondisement 10, 1988, 19.)
— Comme terme de géomorphologie "(synon. de arène)".
5. Dans les arènes épaisses ou gores dépassant parfois 10 m. de profondeur, des infiltrations abondantes confèrent aux
sources du Haut-Limousin un haut indice d’écoulement (J. Filiol, dans MélArbos 1953,
t. 1, 84.)
■ graphie. La graphie gor, entrée par PotteAuvergne 1993, semble propre à cet ouvrage ; elle montre que le mot
n’a guère de tradition écrite.
■ morphologie. Parfois employé au f. On va étendre de la gore sur le chemin pour le niveler (DufaudLLouvesc 1986).
2. 〈Loire (Saint-Étienne)〉 "charbon de qualité médiocre".
◆◆ commentaire. 1. Attesté d’abord en 1403-1409 en mfr. du Forez (« Item, pour le gort et la chaux mise par ledit Estienne a moriner ladite tour et recourir,
.vi. s. », GononDocForez, 333) et continûment aux 19e (1804, gaurd, à Pouilly-lès-Feurs, GononPouilly, 90) et 20e siècles dans la Loire, gore est un régionalisme couvrant une aire compacte, emprunté à un type dialectal d’origine
inconnue commun aux parlers occitans du Puy-de-Dôme et de la Creuse et aux parlers
francoprovençaux du Rhône et de la Loire (FEW ; ALAL 189*). Il a été emprunté au français
régional par la terminologie des géographesa, sans doute d’abord par ceux de Lyon et de Clermont (cf. ex. 5, ainsi que Allix MélArbos
1953, t. 2, 9)b. 2. est un emploi par analogie, limité à la région de Saint-Étienne, qui n’est pas documenté
avant 1981 (DornaLyot).
a Dans laquelle son usage est toutefois déconseillé par P. George, Dictionnaire de la géographie, Paris, éd. 1974 (s.v. arène).
b Frm. gaure n. f. "(nom vulgaire du granit tendre et désagrégé qui se laisse attaquer par le pic)" (AcC 1838-Lar 1872, FEW) est très probablement un régionalisme implicite de la lexicographie
générale, reposant sur le type féminin parallèle attesté seulement dans la Loire (v. FEW,
où l’on déplacera l’attestation française après les attestations dialectales) et l'Ardèche
(DufaudLLouvesc). Cf. la graphie gaurd du masculin (1804), qui laisse supposer une prononciation avec [o].
◇◇ bibliographie. FEW 21, 33b ‘gravier’ et 35a ‘rocher’, où le mot traité est à ajouter ; GrasForez 1863 s.v. pic-de-gorrhe, gorrhe dans la métalangue ; PrajouxRoanne 1934, gorre ; GononPouilly, 90, 99 « très courant en fr. loal » ; BretogneLivradois 1980, 25 "sable de carrière" ; BecquevortArconsat 1981 ; DornaLyotGaga 1981 "mauvais charbon, plein de pierres" ; TuaillonRézRégion 1983 (St-Étienne et Forez) ; DufaudLLouvesc 1986 dans la métalangue
s.v. gòrra "gore (argile schisteuse friable)" et DufaudLLouvesc 1998 à la nomenclature française gore f. ; FaraçaVans 1992 gòre "arène granitique, roche sableuse provenant de la décomposition du granit" ; PotteAuvThiers 1993 s.v. gor ; Coudert, Parlem ! 43 (1994/1995), 6 ; FréchetAnnonay 1995 « globalement connu » ; SalmonLyon 1995, avec ex. de 1995, sans indication sur la vitalité actuelle ; CottetLyon
1996 ; MichelRoanne 1998 "sable à gros grains" « usuel » ; PlaineEpGaga 1998 gore m. "couche repère dans les galeries de mine" « presque disparu » et gorre f. "mauvais charbon" « encore utilisé » ; ChambonÉtudes 1999, 146 (Pourrat, Gaspard des montagnes) et 191 (GrasForez).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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