goûtu, ‑ue adj.
〈Surtout Normandie, Haute-Bretagne〉 fam. [En parlant d'un aliment].
1. "agréable au goût". Stand. savoureux. Synon. région. goûté*, goûteux*.
1. […] petits capelans secs, si « goûtus » grillés sur le charbon de bois et dégustés avec pain et beurre… (Pays et gens de France, n° 25, la Manche, 11 mars 1982, 20.)
2. « Tenez, père Youf, j'ai même un morceau de falue [= galette], elle est d'hier mais elle est encore goûtue, prenez ! » (S. Anne, Victorine ou le Pain d'une vie, 1985, 70-71.)
3. – […] le beurre blanc, c'est pas sorcier ! N'importe qui peut nen [= en] faire même
à Paris !
– D'accord, mais pour le faire aussi goûtu comme [= que] chez nous, faut […] avoir le coup de main ! (H. Bouyer, Presse-Océan, 20 mai 1985, dans BrasseurNantes 1993.) V. encore s.v. bourrier, ex. 18.
2. "qui a un goût prononcé".
4. De temps en temps elle montait du café, revenait avec du cidre et un morceau de livarot :
« Ça va te redonner des forces. » Pour lui encore, elle faisait semblant d'aimer ce fromage qu'elle jugeait trop goûtu. (S. Anne, Victorine ou le Pain d'une vie, 1985, 78-79.)
◆◆ commentaire. Caractéristique du français de Normandie et de Haute-Bretagnea, ce dérivé sur goût, avec le suffixe ‑u, est attesté dep. 1859 (« goutu comme les navets de Fontenay[-sur-Orne] » A. Canel, Blason populaire de la Normandie, Rouen/Caen, t. 1, 246) ; VerrOnillAnjou 1908 ; RLiR 42 (1978), 174 ; LepelleyBasseNorm
1989 ; BrasseurNorm 1990 ; BrasseurNantes 1993 ; LepelleyNormandie 1993 ; BlanWalHBret
1999 « surtout Côtes-d'Armor et Ille-et-Vilaine » ; FEW 4, 342a, gustus.
a L'usage du terme par A. Aviotte, Artichaut, 1996, 83, 205, 341, 348, semble plus relever du chroniqueur que de l'usage du français
du Sud-Ouest.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Basse-Normandie, 90 % ; Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique,
40 % ; Maine-et-Loire, 15 % ; Sarthe, 0 %.
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