grelet n. m.
〈Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime, Charente, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher
(sud), Indre, Cher, Allier, Puy-de-Dôme (Thiers), Creuse〉 rural "petit insecte orthoptère sauteur, de couleur noire, à la stridulation caractéristique". Stand. grillon fam. cricri. – Le grelet domestique, gentil chanteur près de la cheminée et protecteur discret de
la maison (PénardCharentes 1993).
1. Les enfants s’amusaient à faire sortir les « grelets » de leur trou en les chatouillant avec un brin d’herbe. (SabourinAubusson 1983, 12.)
2. Joseph revient un instant à lui. Dans une sorte de brouillard, il aperçoit au ras
de son œil un trou de grillon. L’entrée en est lissée et la bestiole est juste au
bord, à s’étonner de ce liquide chaud et noirâtre qui envahit son antre. Le petit
grelet patouille et s’englue dans le sang de Joseph qui s’évanouit à nouveau, incapable
de soutenir l’horrible souffance. (A. Aucouturier, La Mère-Nuit, 1998, 128.)
— Dans des comparaisons.
3. Après ces saines journées passées tout entières au grand air, j’étais devenu noir comme un « grelet » (un grillon). (M. Richard, Une enfance heureuse. Une enfance vendéenne, [après 1960], 51.)
4. À première vue, il ne paie pas de mine, plutôt petit […] il n’a pas l’air dangereux.
Mais il est noir comme un grelet, et pas rien que par le grand air, il suffit de regarder ses cheveux, serrés, sans
un poil blanc, et ses yeux, du charbon ! (Y. Viollier, Retour à Malvoisine, 1979, 138-139.)
5. […] efflanqué et maigre comme un grelet… Ma parole […], tu bigerais [= ferais la bise à] une bique entre les deux cornes !
(C. Tessier, Eugénie du Château-vert, 1988, 77.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. le 15e siècle (DEAF ; Gdf s.v. grillet) et marqué par Ménage 1672 comme terme du Poitou (« Les Poitevins disent un grelet »), ce correspondant de fr. grillon est bien représenté dans le centre-ouest et le centre de la France (ALF 669 ; ALO
456 et ALCe 579) – où grelet est souvent senti comme dialectal –, et au-delà, dans le créole de La Réunion. Diminutif du représentant de lat. *grillus (celui-ci bien attesté dans l’occitan du nord-ouest et dans le toponyme Chantegros de la Vienne (PignonÉvPhon 263, 280) auquel correspondent « les nombreux Chantegrelet que l’on trouve dans nos deux départements » (ibid., 263) ; ce qui signifie que le régionalisme en domaine d’oïl (grel, puis grelet) remonte quasiment aux origines. Il est absent des dictionnaires généraux contemporains,
sauf de TLF qui le donne s.v. grillon comme « région. », avec un exemple de Sand, 1853 (même auteur, 1849, Gdf s.v. grillet et Frantext).
◇◇ bibliographie. Fér 1787 s.v. grillon « Les Poitevins disent, un grelet » ; ConnyBourbR 1852 ; JaubertCentre 1864 ; MussetAunSaint 1932 (qui relève des toponymes
comme Chante-Grelet, le Pré du Grelet) ; ChaudRéun 1974, 779 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 ; QuestThiers 1987 ; DubuissBonBerryB
1993 ; PénardCharentes 1993 ; ChauveauLexOuest 1995 (carte, 96 ; commentaire, 97-98) ;
Roques TraLiPhi 38 (2000), 8 (carte d’après ALF) ; FEW 4, 268b-269a, grillus ; DEAF G 1409.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Cher, Indre, 80 % ; Allier, Loir-et-Cher (sud), 65 %.
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