malcommode adj. ou mal commode loc. adj.
〈Surtout Bretagne, Sarthe, Maine-et-Loire, Vendée〉 fam. "qui a mauvais caractère, qui est difficile à vivre". Stand. acariâtre. – Un vieux malcommode (BrasseurNantes 1993).
1. La porte s’ouvrit un peu plus grand, mais la femme la tenait toujours fermement, comme
si elle avait peur qu’on entre de force chez elle.
– C’est pourquoi ? demanda-t-elle l’air mal commode. (J. Failler, Marée blanche, 1996 [1994], 121.) 2. Plus tard, maman nous parlera souvent de lui. « Votre grand-père était un brave homme quand il était à jeun, mais hélas, il buvait.
Et il avait le vin mauvais. Quand il avait bu il était malcommode. » (P. Bourigault, Le Café de l’église, 1999, 17.)
◆◆ commentaire. Si commode adj. "qui est d’un caractère facile, d’une société douce et aisée" est attesté en français dep. 1654 (v. FEW 2, 957b, commodus), sa lexicalisation en contexte négatif sous la forme mal commode ou malcommode n’est attestée, en parlant d’une personne, que dep. 1865 (« un ancien guerrier, bien mal commode » G. Sand, Frantext). Cet emploi est mal pris en compte dans les dictionnaires généraux contemporains,
qui le mentionnent sans marque d’usage (GLLF) ou « rare » (Rob 1985 ; TLF s.v. commode) ou enfin « rare ou région. (Ouest et Canada) » et il est absent de NPR 1993-2000. Il est pourtant usuel dans le français de l’Ouest,
ainsi qu’au Québec (Clapin 1894 ; Dionne 1909 ; GPFC 1930 ; DQA 1992 ; DHFQ 1998)
et en Acadie (PoirierAcadG ; MassignonAcad 1962, § 1802 ‘turbulent’ ; CormierAcad 1999 id. ; NaudMadeleine 1999) ; cela donne à penser qu’il s’agit d’un archaïsme, ce que confirme
la dispersion des relevés qu’on a pu faire de cet emploi, d’une part dans le quart
Nord-Ouest et le Centre (FEW), et d’autre part dans le Doubs (BoillotGrCombe 1929)
et en Suisse romande (FEW, Pierreh), à quoi s’ajoute l’usage de quelques auteurs :
Duhamel 1935 (GLLF et TLF) et Céline 1936 (Frantext) ; par ailleurs, la consultation du cédérom Le Monde (1988-1998) a permis de repérer 6 occurrences (mal localisables) de malcommode(s), au sens qui nous intéresse, sur un corpus de 83 occurrences. En l’absence d’une enquête
systématique, on peut penser que cet emploi est caractéristique par sa fréquence du
français de Bretagne et des régions voisines.
◇◇ bibliographie. MazeHavre 1903 ; BarbeLouviers 1907 ; VerrOnillAnjou 1908 ;StMleuxStMalo 1923 ; BoillotGrCombe
1929 ; BrasseurNantes 1993 ; FEW 2, 958a, commodus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Maine-et-Loire, Sarthe, 100 % ; Ille-et-Vilaine, 90 % ;
Loire-Atlantique, 80 %.
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