matin adv.
1. 〈Champagne, Ardennes, Lorraine, Loire (Pilat)〉 "de bonne heure, tôt le matin". L’hiver, 5 heures, ça fait trop matin pour donner* aux bêtes (MartinPilat 1989).
1. Elle emplit les assiettes et comme le Parisien protestait contre une seconde louchée,
elle s’enhardit : « Quand on est parti si matin, on doit avoir faim. » (J. Rogissart, Le Temps des cerises, 1942, 135.)
2. 〈Marne, Ardennes〉 plus matin loc. adv. "plus tôt". Fallait venir plus matin : t(u) aurais soupé* avec nous (TamineChampagne 1993).
2. Le merle et la grive, éveillés plus matin que d’habitude, sifflaient dans la ramure, annonçant une superbe journée d’été. (Chr. Ryelandt,
Mémoirs de Victor Droguest, le roi des contrebandiers, 1951, 130.)
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. la Chanson de Roland (v. FEW ; au plus matin, fin 14e sièclea et Marot 1532, Frantext), cet emploi adverbial est aujourd’hui un archaïsme qui n’est resté dans l’usage
courant que dans quelques aires périphériques (région champenoise, Loire, Wallonieb) ; cf. encore Québec être matin (DHFQ 1998). Son traitement dans les dictionnaires généraux contemporains rend mal
compte de cette réalité : l’emploi adv. est donné sans marque dans Rob 1985 et dans
TLF (avec seulement deux exemples du 19e s., Balzac 1846 et About 1857) ou marqué « vx » (GLLF et NPR 1993-2000).
a « Et cil monta tout au plus matin a cheval et s’adreça vers la ville » (J. d’Arras, Melusine, 1392, base MF) ; « Demain serons au plus matin Avecques eulx, se nous povons, Pour faire ensemble le
hutin, Et ensemble les assauldrons […] / […] Oultre plus, aussi je vous prie Que demain
tous soyez armez, Au plus matin, je vous supplie […] » (Le Mystère du siège d’Orléans, éd. Guessard et Certain, 1862, 332 et 597 ; comm. de P. Enckell).
b Le sens "tôt le matin" est aussi en usage (vieillissant) en Wallonie, où les tours trop matin, plus matin, « familiers, sinon populaires », ont aussi pénétré le wallon (comm. de M. Francard) ; v. PohlBelg 1950, qui associe
ces tours au français rural de Gaume, de Lorraine, « etc. ».
◇◇ bibliographie. MartinPilat 1989 (1) « usuel à partir de 20 ans, connu au-dessous » ; LanherLitLorr 1990 ; TamineArdennes 1992 ; TamineChampagne 1993 ; FEW 6/1, 538b-539a, matutinus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardennes, Meuse (nord), Haute-Marne, 100 % ; Marne, 90 % ;
Aube, 80 %.
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