oser v. tr.
〈Moselle (est), Alsace〉 souvent suivi d’une prop. à l’inf. "avoir le droit de, la permission de, être autorisé à". Stand. pouvoir.
— En constr. interrogative.
1. Papa ! implora-t-il, est-ce que j’ « ose » rentrer à la maison ? Est-ce que tu ne veux pas me pardonner ? (L. Rauzier-Fontayne,
Marikele, 1946, 50.)
— En constr. négative.
2. […] je me réjouis tellement pour ce messti* ! Les autres années tes parents s’enfermaient dans la maison, et moi, je n’ « osais » pas sortir non plus […]. (L. Rauzier-Fontayne, Marikele, 1946, 78.)
◆◆ commentaire. Attesté dans le français d’Alsace (Ban-de-la-Roche) dep. 1794 (« je ne souhaite rien tant que d’avoir la Satisfaction d’oser consacrer le reste de
mes Jours à l’Instruction de cette Contrée » J.-J. Oberlin, v. Brunot 9, 239), également relevé dans le français de Suisse romande
(dep. 1724, Pierreh) ainsi qu’à Metz et dans l’est de la Wallonie (PohlBelg 1950 ;
Bastogne, v. DSR). Comme l’indique le DSR, il s’agit là probablement d’un germanisme,
cet emploi de oser reproduisant « une partie des sens de l’all. dürfen (alors que oser avec le sens de "se risquer à, avoir l’audace de" correspond plutôt à l’all. wagen) » et si le français de référence connaît des emplois très proches en construction interrogative
(GLLF « dans des formules de politesse ou de précaution oratoire » ; Rob 1985 « dans des formules de courtoisie, en manière de précaution oratoire » ; TLF « dans des tours euphémiques, par précaution oratoire, surtout à la 1re pers. »), le DSR observe avec justesse que « les exemples illustrant ces emplois se trouvent toujours dans des constructions performatives
(du type j’ose espérer) ou conditionnelles (du type si j’ose dire), et jamais dans des constructions interrogatives pour solliciter une permission
ou s’enquérir de la possibilité de se livrer à une quelconque activité ».
◇◇ bibliographie. WolfFischerAlsace 1983 ; SalmonAlsacianismes 1992 ; DSR 1997 (avec bibliographie) ;
FEW 25, 1041b, ausare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Moselle (est), Bas-Rhin, 85 % ; Haut-Rhin, 80 %.
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