patin couffin loc. invar.
〈Surtout Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Lozère〉 fam. Souvent dans et patin couffin.
1. "(évocation d’un bavardage, d’une suite de paroles considérées comme oiseuses, qu’on
ne se donne pas la peine de rapporter)". Stand. fam. patati patata.
1. – C’est pas une salade. C’est Manouche qui me fait une tête comme ça (il fit le geste)
tous les jours rapport à ce que tu es mal, tu es seul et paticoufin… (J. Giovanni, Le Deuxième Souffle, 1988 [1958], 69.)
2. – […] Alors M. le curé s’est mis à parler de l’oubli des injures […] et puis, il a
dit que ceux de Crespin, c’étaient nos frères, aimez-vous les uns les autres, et patin-couffin. (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 704.)
3. Nous avons entamé une longue conversation qui nous ramena plus de vingt ans en arrière.
Et « patin et couffin »… (P. Brun, Raimu mon père, 1980, 119.)
4. Le président ouvre la séance et commence un laïus. Il évoque : « Nîmes, la Rome française, la ville aux sept collines… qui… que… » et patin cofin. (J. Durand, André Bouix, gardian de Camargue, 1980, 99.)
5. Comme entrée en matière, l’inspecteur, qui s’était renseigné, a fait un petit topo
tricolore larme à l’œil sur le capitaine Sahli, mort pour la France, chevalier de
la Légion d’honneur… et patin couffin ! (Ch. Roudé, Rue Paradis, 1987 [1986], 227.)
6. Laugier se souvient de la commission Carnaval […]. Le maire voulait l’initiative qui
marque : rendre le cœur de la Ville aux habitants. L’identité, l’ouverture à l’universel,
le sens de la fête, patin coufin. (R. Merle, Treize reste raide, 1997, 53.)
□ En emploi autonymique.
7. – Qu’est-ce que je sais, moi, de vos salades et de vos patacouffins [sic] ? Je comprends rien à votre baragouin, moi ! (T. Topin, Graffiti rock, 1982, 35.)
2. "(pour abréger des considérations ou des détails dans lesquels on n’a pas envie de
s’engager"). Stand. et cætera.
8. Je suis resté près d’un mois à Berlin ; le temps ne s’est pas amélioré. Chaque fois
que nous nous retrouvons avec Raimu, son premier regard est sur ma tête et les gants
à mes mains. J’ai eu beau lui dire que j’étais habitué à circuler nu-tête et patin-couffin, il n’a jamais voulu démordre de son principe… et que Berlin c’est pas Bandol ni la
Canebière […]. (Ch. Blavette, Ma Provence en cuisine, 1984 [1961], 139.)
9. […] on leur avait tellement seriné que la Camargue c’était le « far-west français » avec les grands espaces, les tauraux [sic], les chevaux et patin-couffin, qu’ils avaient fini par le croire ! (P.-J. Vuillemin, Les Contes du pastis, 1988, 73.)
10. […] ils feraient des galipettes et tout le bataclan, les bisous, les chatouilles et patin-couffin. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 12.)
11. Ils m’amusent, avec leurs nouveaux titres, animateurs culturels et patin couffin… (Cl. Courchay, Chronique d’un été, 1990, 52.)
V. encore s.v. pauvre, ex. 5.
□ En emploi autonymique.
12. Eh bien ! probablement parce qu’elle est entière [une statue antique trouvée à Vaison-la-Romaine],
le Louvre la réclame en prenant de grands airs offusqués. « Vous comprenez, le Patrimoine, la Culture, et le patin-couffin… » (Fr. Fernandel, L’Escarboucle, ma Provence, 1992, 185.)
13. « […] on est toujours dans la même galère si ce n’est pire que 8 ans en arrière [= qu’il
y a 8 ans], tu comprend [sic] ce que je veux dire ? Tandis que les autres […] ils ont les fax à la maison, le
portable, la voiture de société oh ! oh ! le patin, le couffin oh ! oh ! […]. » (Témoignage, dans N. Roumestan, Les Supporters de football, 1998, 136-137.)
■ graphie et variantes. La diversité des graphies (patin-couffin, v. ici ex. 2, 8-10, 12 ; patin couffin, v. ici ex. 5 et 11 ; patin coufin, v. ici ex. 6) tient à l’absence de tradition écrite et lexicographique de la locution ;
les variantes (paticoufin, v. ici ex. 1 ; patin cofin, v. ici ex. 4 ; patacouffin v. ici ex.7) témoignent d’une adaptation partielle de l’emprunt.
◆◆ commentaire. D’apparition assez récente dans le français de Marseille (dep. 1926 « la religion, les pèlerinages, les saints et patin ! et coufin ! » É. Ramond, Nouvelles Histoires marseillaises, 40), enregistrée sous la forme pati coufi dans BrunMars 1931, cette locution, empruntée au provençal (dep. 1868 Régis de La
Colombière, Les Cris populaires de Marseille, 172), s’est diffusée dans le français de Provence et du Languedoc oriental. Elle
est aussi parfois connue en dehors de cette aire, comme en témoignent certains relevés
(SuireBordeaux) ou certains emplois occasionnels (« Et la vie continue, le spectacle aussi, les ronds doivent rentrer et patin couffin » J.-B. Pouy, Suzanne et les ringards, 1985, 36), mais elle n’est pas prise en compte par les dictionnaires généraux du
français. Le premier élément de la lexie a été relevé dans des lexies analogues (patin-patourle "mots inventés pour exprimer la trop grande rapidité de quelqu’un à parler, et pour
s’en moquer" VillaGasc 1802 ; patin-patòu, patin-patan Mistral) ; le second a pu lui être adjoint en raison de sa sonorité, pour créer un
effet cocasse.
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 pati coufi ; NouvelAveyr 1978 et patin et coufin ; BouvierMars 1986 patin-couffin ; MartelProv 1988 patin coufin ; SuireBordeaux 1988 patin et coufin ; CampsLanguedOr 1991 (et) patin et coufin « partout » ; LangloisSète 1991 patin coufin ; CouCévennes 1992 patin-couffin, patin-couffi ; FauconHérault 1994 patti-couffi ; CovèsSète 1995 patin couffin ; MazodierAlès 1996 patin et coufin ; ArmKasMars 1998 patin-coufin et patin-couffin ; RoubaudMars 1998, 88 pattin-couffin ; FEW 8, 28b, *patt et 33a, patt-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, 100 % ; Bouches-du-Rhône,
Var, Vaucluse, 80 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 50 %.
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