pégueux, ‑euse adj.
〈Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne,
Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Lozère, Ardèche〉 fam. "collant, gluant comme la poix". Stand. poisseux. – C'est tout pégueux par terre ; tu as cassé quelque chose ? (MédélicePrivas 1981).
1. […] et allez, zou*, y [les poussins] font un trou de plus en plus grand, y fendent la coquille et y sortent !
D'abord tout étourdis, tout pégueux, mais bientôt ils se sèchent et alors ils sont dorés comme le gratin au four. (Th. Monnier,
Madame Roman, 1998 [1957], 68.)
2. Ses joues étaient toutes barbouillées de jus pégueux qui la faisait ressembler à un papier attrape-mouches. (P. Roux, Contes pour un caganis, 1983 [1978], 77.)
3. Les dents de la binette n'eurent pas à creuser bien profond. À quatre doigts, la truffe
était là, de la grosseur d'un œuf de pigeon, toute « pégueuse » dans sa robe de terre rouge. (P. Roux, Contes pour un caganis, 1983 [1978], 117.)
4. […] le caoutchouc s'émiette, se sèche ou devient tout pégueux sous l'effet des variations thermiques. (P. Perrève, La Burle, 1981, 53.)
5. Ils avaient choisi un raisin au jus rouge vif, une grappe un peu passée [= trop mûre],
bien « pégueuse ». (M. Rouanet, Le Troupeau d'abeilles, 1983, 126.)
6. Le biscuit était devenu une bouillie pégueuse dans ma main. (Fr. Hébrard, La Citoyenne, 1988 [1985], 79.)
7. Il me désigna un fauteuil en cuir marronnasse, peigueux [sic]. (J.-Cl. Izzo, Chourmo, 1996, 230.)
— pégueux de + subst. désignant ce qui pègue.
8. Elle s'essuie la bouche d'un revers de main encore pégueuse de confiture de figues […]. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 42.)
◆◆ commentaire. Emprunté à l'occ. pégous "poissé" (pr., dans PellasAix 1723 ; langued., dans Sauvages 1756 "un facheux, ou un importun", Sauvages 1785 "gluant", v. FEW), avec francisation du suffixe, le mot est attesté dep. 1931 dans le français
de Marseille sous la forme pégueux n. m. "gros berlingot qui poisse les lèvres et la bouche" (Brun). Malgré son usage dans le français d'une vaste aire méridionale, l'adjectif
pégueux n'est pas pris en compte par les dictionnaires généraux contemporains, à l'exception
de Lar 2000 qui le donne comme « région. (Midi) ».
◇◇ bibliographie. BrunMars 1931 ; SéguyToulouse 1950 ; MédélicePrivas 1981 « très courant » ; TuaillonRézRégion 1983 ; GermiLucciGap 1985 « usuel » ; MartelProv 1988 ; CampsLanguedOr 1991 ; CampsRoussillon 1991 ; BoisgontierMidiPyr
1992 ; MazaMariac 1992 ; ArmanetBRhône 1993 comme définissant de pégous ; FauconHérault 1994 pégous ; FréchetAnnonay 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 ;
ArmKasMars 1998 ; MoreuxRToulouse 2000 « pégous est préféré par les vieux tandis que les jeunes (3 sur 4) ne connaissent que pégueux » ; FEW 8, 425b, picare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Aveyron, Haute-Garonne, Hérault, Lozère, Pyrénées-Orientales,
Tarn, Tarn-et-Garonne, 100 % ; Gard, 90 % ; Ariège, 50 %.
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