picot n. m.
〈Surtout Calvados, Manche〉 rural, fam. "grand oiseau de basse-cour, le plus souvent noir, dont la tête et le cou, dépourvus
de plumes, sont recouverts d’une membrane granuleuse, rouge violacé, avec caroncules
rouges à la base des mandibules ; par restr. mâle de l’espèce". Stand. dindon.
1. Un jeune veau, derrière la haie, glissa, que poursuivait le picot […]. (A. Druelle, Saga, 1972, 137.)
2. – […] Je comprends que vous ne vouliez pas abîmer vos belles mains, mais vous n’aviez
qu’à me le dire, on vous aurait prêté la vieille paire de gants qui sert pour ramasser
de la graine d’orties pour les petits picots. (R. Dubos, Histoires normandes, 1978, 70.)
3. Plus traditionnel encore [à Lisieux], les deux foires annuelles : celle des arbres,
le premier week-end de mars et celle des picots, le 1er août […]. La deuxième n’est peut-être pas promise à un grand avenir, mais c’est un
rite que d’acheter son petit dindon qui fera la dinde de Noël six mois plus tard.
(Le Monde, 28 décembre 1992, 12.)
◆◆ commentaire. Type lexical attesté dans le français de Saint-Lô dep. ca 1750 (« Des picots, des coqs d’Inde » DuPineauC) et relevé dans les parlers dialectaux de la moitié nord de Normandie,
particulièrement pour désigner le dindon mâle, les dindonneaux ou comme générique
de l’espèce (ALN 743, 744, 747) picot est issu, sous l’influence de piquer, de piot m. "dindon", plus largement attesté (FEW). Le mot est accueilli par Littré 1869 (picaut « en Normandie »), mais c’est à sa présence chez Flaubert qu’il doit d’être présent dans quelques
dictionnaires généraux contemporains (Ø Rob 1985, NPR 1993-2000, Lar 2000) : GLLF
« dialect. Nom donné en Normandie au dindon » (date le mot de 1860, mais cite un exemple de Flaubert de 1857) ; TLF « région. (Normandie) » (même exemple de Flaubert).
◇◇ bibliographie. DuPineauC [ca 1750] ; MoisyNormand 1887 ; MazeHavre 1903 ; BarbeLouviers 1907 ; RLiR 42 (1978),
180 (Normandie) ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm 1990 (distingue l’espèce et
le mâle) ; LepelleyNormandie 1993 ; SchortzSenneville 1998 ; FEW 9, 416a, pi-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Basse-Normandie, 75 %.
|