pignada n. m.
〈Surtout Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 usuel "forêt de pins maritimes et, accessoirement, d’autres essences". Stand. pinède. – Une pignada calcinée (J. Peyré, Le Puits et la Maison, 1997 [1955], 111).
1. Des quais de Bayonne à l’océan [sic], je fis encore une rencontre : celle de la pignada de la forêt landaise, dont le vent atlantique nous apportait jusqu’à Aydie [Pyrénées-Atlantiques]
le souffle et, en avril, la pluie de pollen. Elle franchissait l’Adour et débordait
sur notre pays, pour ajouter encore à la diversité de ses paysages et de ses essences
forestières. Je goûtai son parfum résineux et salubre, son silence […]. (J. Peyré,
De mon Béarn à la Mer basque, 1987 [1952], 58.)
2. Quand le toit de la Maison Verte lui était enfin apparu à travers le pignada, son cœur s’était pincé, mais d’une émotion qui était seulement celle de l’attente
[…]. (A. Dupin, Pierric, 1953, 261.)
3. La forêt ou pignada donne des poteaux de mines, des poteaux télégraphiques, du bois de sciage et chauffage,
du bois pour la pâte à papier, du charbon de bois pour le gazogène. (La Forêt française, 1955, 8.)
4. On dit parfois du Landais qu’il laisse vieillir exagérément son pignada, par attachement à ses pins, souci de conserver des carres à des résiniers fidèles,
ou parce qu’il y voit un trésor à l’abri des fluctuations monétaires […]. (Richesses de France, n° 38, les Landes, 1959, 133.)
5. Les Landes maritimes du sud possèdent des ressources plus variées que celles du pays
de Born ; la pignada qui couvre les dunes anciennes s’enrichit de chênes-lièges et de chênes pédonculés
et son exploitation a permis le développement d’une gamme d’industries assez étendue.
(M. Cassou-Mounat, La Vie humaine sur le littoral des landes de Gascogne, 1977, t. 1, 542.)
6. La « pignada », cette vastitude de pins, respire vie et santé. (Pays et gens de France, n° 16, les Landes, 7 janvier 1982, 3.)
7. Dans la forêt, en période de gemmage, à certaines heures, la chaleur est accablante.
Mais en hiver, vive le travail dans le pignada ! Les pins barrent le chemin à la bise*, on a, sous les sabots, une sorte de feutre qui vous tient les pieds bien au chaud.
(G. Laporte-Castède, Pain de seigle et vin de grives, 1989, 210.)
8. Le pignada occupait au début du xixe siècle environ le quart de la superficie des landes, dunes et marais. (Ch. Daney,
Dictionnaire de la Lande française, 1992, 229.)
■ remarques.
1. Le mot est de genre masculin, mais on relève parfois le féminin (v. ci-dessus, ex. 5
et 6), qui apparaît aussi chez des écrivains comme Mauriac (Frantext) ou Peyré (v. ci-dessus, ex. 1) ; chez un même auteur ou dans un même ouvrage, on
voit parfois alterner les deux genres (Pesquidoux 1921 (m.) et 1925 (f.) et La Forêt française, 1955, 8 (m.), 11 (f.) tous dans Frantext).
2. « Quant à la prétendue “variante” pignade, consignée dans les dictionnaires français [Littré, GLLF ; TLF ; Rob 1985 ; et encore
NPR 1993-2000 et Lar 2000], c’est un mot purement imaginaire, dû à George Sand qui
n’a pas su transcrire le vocable pignada entendu lors de son voyage de noces en Lot-et-Garonne » (BoisgontierAquit 1991).
◆◆ commentaire. Emprunté au gasc. pinhada n. m., de même sens (v. TLF). Attesté dep. 1679 (« Villandraut, une lande et pignada » Arch. Gironde 23, 208, K. Baldinger dans RLiR 20, 83 ; TLF) ; 1755 (« les pignadas qui sont l’objet principal des biens de campagne du Marensin » Lettre de l’Intendant de la Généralité d’Auch, citée dans M. Cassou-Mounat, op. cit., t. 1, 543, n. 1) ; 1784 (« Les pignadas y [à La Brède] croissent merveilleusement » Latapie dans Baurein, Variétés bordeloises, t. 5, 27) ; 1806 (« Le 29 [juillet 1785]. À Dax. Toujours landes et bois de pins appelés dans le pays
pignadas » Cte de Guibert, Voyages dans diverses parties de la France […], dans Le Voyage en France, Paris, Robert Laffont, 1995, t. 1, 811) ; 1857 (« […] la Chalosse, petit pays du département des Landes différent de la contrée des
Pignadas par la nature de son sol et de ses productions » A. Boitel, Mise en valeur des terres pauvres par le pin maritime, Paris, 1857, 2e éd.).
◇◇ bibliographie. LambertBayonne 1928 ; DauzatStGeorgesD 1946 pinadas m. ; GLLF « dialect. » f., citant Mauriac le feu dévorateur des pignadas ; TLF « région. (Sud-Ouest) » m. ou f. s.v. pignade ; Rob 1985 pignade ou pignada, f., « régional », citant Mauriac 1927, les pignadas consumées (pour Mauriac, v. encore Wiedemann MélJeune, 381) ; DuclouxBordeaux 1980 f. (donne
pignade comme équivalent) ; MoreuxPeyré 1994, 370-371 ; SuireBordeaux 1988 et 2000 f. (mais
avec un exemple de Pesquidoux où le mot est du m.) ; BoisgontierAquit 1991 ; ChaumardMontcaret
1992 f. ; FEW 8, 520b, pineus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Landes, 100 % ; Gironde, 90 % ; Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées,
50 % ; Lot-et-Garonne, 40 % ; Gers, 0 %.
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