piste n. f.
〈Surtout Bretagne〉 aller en piste / être en piste / faire la piste / partir en piste / tirer une piste loc. verb. fam. "faire la fête, en buvant copieusement". Stand. fam. faire la bringue, faire la java. – Ces jeunes qui font la piste toutes les nuits ne peuvent pas étudier correctement (MichelRoanne 1998).
1. « Quand j’ pars en piste, c’est qu’ j’ai des idées noires. […] Ils [les Bretons du début du siècle] prenaient
des cuites, ils tiraient des pistes. » (Témoignages dans « Alcool, zone limite », Les Mercredis de l’information, TF1, 28 septembre 1983, cités dans Doillon, décembre
1983.)
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
2. « Tirer une piste », « aller en piste » (on dit un « pistard* », une « pistarde* »), cela signifie, dans le monde des jeunes ou estudiantin plus précisément, qu’on
s’apprête à se lancer en groupe mixte dans une ribouldingue de la soirée ou de la
longue nuit dans les bistrots de la ville ou chez des amis. (G. Mainet, « La piste des vins de Bordeaux à Brest », dans Des vignobles et des vins à travers le monde. Hommage à Alain Huetz de Lemps, Presses universitaires de Bordeaux, 1996, 98.)
■ remarques.
1. En novembre 1985, une campagne antialcoolique était lancée à Rennes par voie d’affiches,
sur lesquelles on pouvait lire : « Je choisis la bonne piste ».
2. pistard, ‑arde n. "fêtard". Stand. fam. bringueur. V. ex. 2 ci-dessus.
△△ EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Finistère, Morbihan, 100 % ; Côtes-d’Armor, 65 %. ◆◆ commentaire. Locutions assez récentes, non documentées avant 1979, qui semblent s’être développées
principalement dans le français des jeunes et dont l’aréologie est principalement
bretonne, avec quelques foyers en Champagne et dans la région lyonnaise ; elles paraissent
aussi en usage dans la région parisiennea. Absentes des dictionnaires généraux contemporains et des dictionnaires d’argot (notamment
GiraudBistrot 1989 et MerleArgot 1996), ces locutions sont probablement des emplois
par restriction de frm. piste "tour, tournée", fondés sur l’idée de la tournée des débits de boissons que l’on peut faire en pareil
cas (cf. le titre de Télérama rendant compte du reportage cité ici dans l’ex. 1 : « Guingamp, un samedi soir. La piste commence, celle qui mène d’un bar à l’autre, d’une
fête à une boîte », d’après Doillon, loc. cit.).
a Cf. « Une voiture glissa près de lui, il l’avait entendue de loin, de la musique techno
à plein tube s’échappait du véhicule, et, passant à son niveau, des hurlements de
jeunes en piste. […] / Daniel ne répondit pas, la jeunesse avinée lui faisait peur parce qu’elle ne
savait jamais ce qu’elle faisait […] » (J.-B. Pouy, La Petite Écuyère a cafté, 1995, 28).
◇◇ bibliographie. KnoppSchülArg 1979, 58 « tirer une piste boire, s’enivrer » (Brest, Rennes, Sézanne) ; Doillon, septembre 1983, 11, et décembre 1983, 47 ; VurpasMichelBeauj
1992 faire la piste (Haut-Beaujolais « connu ») ; MichelRoanne 1998 faire la piste ; aj. à FEW 8, 598b-599a, pistare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Finistère, 100 % ; Morbihan, 85 % ; Côtes-d’Armor, 65 %.
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