pochée n. f.
〈Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Sarthe, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 rural
1. peu usuel "sac de jute destiné au transport de diverses denrées (blé, farine, pommes, etc.)".
1. L’étui, maintenant qu’il avait remonté l’arme, il n’en avait plus besoin. Il l’emmaillota
dans une pochée de jute et chercha où le cacher. (G. Guicheteau, Les Gens de galerne, 1983, 90.)
2. usuel "sac plein (de grain, de farine, de pommes, etc.)". Soulever les pochées de cent livres (H. Bazin, La Mort du petit cheval, 1950, 72). Une pochée de son (G. Guicheteau, Les Gens de galerne, 1983, 134).
2. – Demande donc à ton deuxième valet qu’était là quand j’ai amené la pochée, si je mens. […] C’est bon, gronda François, vous l’aurez votre pochée. En attendant, décampez d’ici. (J. Rolland, Nanon, fille du Sillon, 1946, 47.)
3. Claire […] me devance près de nos sacs, en déboucle un, certaine que les fils de La
Bertaie se précipiteront pour l’aider et se faire valoir en empoignant la pochée d’une seule main. (H. Bazin, L’Église verte, 1981, 98.)
4. […] il attrapait à deux mains les grosses pochées [de blé] de cent soixante livres, pliait les jarrets et hop ! d’un coup de reins
basculait la charge sur son épaule. (M. Gurgand et J.-N. Gurgand, L’Histoire de Charles Brunet, 1982, 50.)
5. Dans le sentier tant de fois emprunté depuis son enfance, où elle avait tant poussé
ses bêtes, tant de fois ramené en grande lassitude une pochée d’herbe, elle renouait avec le jour de sa première communion. (G. Favereau, Grappilles et Grappillons, 1984, 98.)
6. « Mes petits gars, il y a un cas », consentit enfin à nous dire le père Dousset. « En ce moment, les hôtels n’achètent que des mâles… Les femelles sont trop grasses.
Ca fait mal au foie de leurs clients. » / Le sexe des escargots ? Pour nous c’était une tuile ! Nous avons vidé la pochée gluante sur l’herbe et nous sommes concertés longtemps : « Les mères, c’est peut-être les plus gros ! » « Les pères, c’est peut-être les plus foncés ? » (Y. Péan, Malices du terroir, 1991, 89.)
— moins usuel "sachet rempli". Une pochée de confettis (H. Bouyer, 1984, dans BrasseurNantes 1993).
— Au fig. éveillé/malin comme une pochée de souris [Surtout en parlant d’un enfant] "particulièrement éveillé, dégourdi".
7. Il lui demande pour un petit examen : « Quand donc que Notre Seigneur il est mort ? » Il lui répond ce gamin qu’était tout éveillé comme une pochée de souris : « Il est donc mort, je savais point qu’il était malade. » (L. de La Bouillerie, Le Passeur, 1991, 16.)
◆◆ commentaire. Dérivé sur fr. (région.) poche "grand sac de toile qui contient des céréales" (TLF), avec le suff. ‑ée, le terme est marqué « vieilli » par TLF (avec citation d’H. Bazin, 1954), considéré comme « vx et région. » par Rob 1985 et réputé « encore […] dans certaines régions » (GLLF, qui cite Elder, auteur nantais). C’est un type lexical caractéristique de
l’Ouest (de la Normandie à la Saintonge) et du Centre, attesté dep. le 14e s. : pouchiee de poires (1379 Normandie, DuCange), pouchée ou saichee de laine (1394, lettre de rémission non localisée, DuCange), pochée "contenu d’un sac (à blé)" dep. 1412 à Saint-Jean-d’Angély (« 2 sacs et .ii. pochees valant six sols » ArchSaint 32, 1902, 49) ; le mot est passé au Québec (Dunn 1880, dans la métalangue
s.v. pochetée), en Acadie (PoirierAcadG ; NaudMadeleine 1999) et en Louisiane (DitchyLouisiane
1932). L’aire dialectale du mot en France est sensiblement la même (ALF 1178). La
loc. éveillé comme une pochée de souris est attestée dep. OudC 1640 sous la forme éveillé comme une potée de souris (FEW ; 1680, Sévigné, Frantext) ; cf. RézeauOuest 1984 malin comme une pochée de souris.
◇◇ bibliographie. DuPineauR [1746-48] ; DuPineauC [ca 1750] « une pochée de blé, un sac » ; JaubertCentre 1864 ; ChambonVayssier 1879 ; VerrOnillAnjou 1908 ; StMleuxStMalo
1923 ; MussetAunSaint 1938 ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; RobezVincenot 1988 ; BrasseurNantes
1993 ; SimonSimTour 1995 ; ALO 95 ; FEW 16, 638b, *pokka.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Sarthe, Deux-Sèvres, 100 % ; Charente-Maritime, Loire-Atlantique,
60 % ; Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Vendée, 50 % ; Vienne, 40 % ; Maine-et-Loire,
30 % ; Charente, 25 %.
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