potée n. f.
〈Surtout Loire-Atlantique, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 usuel "plante décorative ou fleur en pot". Faut que j’aille arroser mes potées (C. Paysan, L’Empire du taureau, 1974, 180).
1. Dans la splendeur du soleil de juin, les processions de la Fête-Dieu revêtaient un caractère et un éclat très solennel dans nos campagnes du Nord de la
Vienne, à Berrie tout particulièrement. […] c’était à qui apporterait [pour les reposoirs]
les plus belles « potées » (surtout géraniums et fushias [sic]), de manière à compléter la décoration florale disposée dans les vases. (Aguiaine 11, 1977, 197.)
— Suivi d’un compl. déterminatif précisant la nature du contenu. Potée de plantes vertes (R. Sabatier, David et Olivier, 1985, 152). Défilé de bonnes femmes avec des potées de fleurs plein les bras (Y. Péan, Malices du terroir, 1991, 63).
2. Partout des potées de géraniums, d’hortensias, de bégonias, de véroniques jetaient des flammes multicolores.
(R. Sabatier, Les Fillettes chantantes, 1980, 137.)
3. L’après-midi [de la Toussaint], après les vêpres, nous allions en procession au cimetière.
[…] Après des prières pour les morts et le chant du Libera, chaque famille allait se recueillir devant ses défunts. / Se recueillir était beaucoup
dire, car c’était le moment où chacun – et surtout chacune – reluquait les potées de chrysanthèmes dont le cimetière était plein. (É. Boutin, M. Guitteny, Le Pain bénit, 1999, 270.)
4. Les rebords de fenêtre parisiens n’étaient guère fleuris autrefois que dans les quartiers
populaires : une potée de géraniums, quelques joubarbes débordant d’une vieille casserole en émail rongée
par la rouille apportaient un peu de couleurs aux étages supérieurs. (A. Lompech,
Le Monde, 8 avril 1999, 33.)
5. Renouveler les géraniums […] par des potées éclatantes qui illuminent la fenêtre, réchauffent le cœur. (J.-P. Demure, Les Jours défaits, 2000, 114.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. l’afr. (ca 1200 "contenu d’un pot", v. TLF), potée dérivé sur fr. pot, avec le suffixe ‑ée, a pris divers sens dans les domaines de la cuisine (dep. le 15e siècle) ou de la métallurgie (dep. le 16e siècle). Le sens ici analysé, attesté dans le français pop. de Paris dep. le début
du 19e sièclea, ne s’est pratiquement pas implanté dans le français de référence, mais il est d’usage
courant dans l’ouest de la France. Sans qu’il soit aujourd’hui exclusif de cette aire,
comme on le constate par les ex. 2 et 4-5 (il a été aussi relevé en Belgique, où il
est attesté en 1924 « Les potées de plantes fleuries » Louis Delattre, Le Roman du chien et de l’enfant, 47, dans PohlBelg 1950), il semble y être d’un usage plus courant qu’ailleurs, constituant
probablement un régionalisme de fréquence. Seul des dictionnaires généraux contemporains,
Rob 1985 le relève explicitement, sans marque diatopique (citant Sabatier, ici ex. 2).
a « On ne voyait çà et là que des potées de pensées communes, de maigres orangers, le rézéda [sic] destiné à embellir la loge du portier, le basilic chéri des couturières, et l’éternelle
reine-marguerite et l’inodore pied-d’alouette » (Rossignol Passe-partout, Voyage autour du Pont-Neuf et promenade sur le Quai aux Fleurs, Paris, Imbert, 1824, 118 ; comm. de P. Enckell).
◇◇ bibliographie. RézeauOuest 1984 et 1990 ; BlanWalHBret 1999 « usuel à très fréquent, Loire-Atlantique » ; FEW 9, 267a, pottus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, 100 % ;
Charente, 75 %.
|