pouque n. f.
〈Normandie〉 rural "sac de jute ; par méton. contenu de ce sac". Une pouque de pommes de terre.
1. Dommage que vous n’ayez pas vu les marchés d’autrefois… par exemple, la halle au blé
à la Saint-Michel, au moment des baux… les pouques de blé, de seigle, d’avoine qui arrivaient de partout sur de grands chariots. (B. Alexandre,
Le Horsain, 1988, 213.)
□ Dans un contexte métalinguistique incident.
2. Courbée, les pieds dans ses sabots, un sac usagé, une « pouque » pour tablier, elle prenait les pommes à deux poignées avec une habileté qui lui faisait
écarter d’un simple jeu de doigts les branchettes et les feuilles. (J. Le Povremoyne,
Ma Grand’mère paysanne, 1991 [1954], 126.)
— En contexte métaphorique. Je ne pense à rien. Une pouque vidée (A. Ernaux, Les Armoires vides, 1989 [1974], 176).
◆◆ commentaire. Cette forme normano-picarde, correspondant à fr. poche, est attestée en ce sens dep. 1326 dans le français de Normandie (« service de porter en pouque le menu merrien au moulin », Lettre de Charles le Bel, Gdf) ; 1384 (« un sac, selon le langage du pais [de Caux] appelé pouque », Lettre de rémission dans DuCange). Elle est toujours caractéristique de cette aire
(pour son emploi au sens de "poche d’un vêtement" dans la première moitié du 20e siècle, v. R. Queneau, Les Enfants du limon, 1938, réimpr. Paris, 1993, 12 « mettre la main dans sa pouque »). Le mot est ignoré de la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. BarbierLouviers 1907 ; VerrOnillAnjou 1908 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm
1990 ; LepelleyNormandie 1993 ; SchortzSenneville 1998 ; ALN 172 ; FEW 16, 638a, *pokka.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Basse-Normandie, 75 %.
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