recevoir v. tr.
〈Moselle (est), Alsace〉 usuel
1. "obtenir, avoir". Stand. avoir. – Il a reçu son brevet (RLiR 42 (1978), 182).
1. Si on les [les enfants qui ne savent pas bien le français] encourage à parler en dialecte*, ils prendront de l’assurance et recevront des automatismes qui les aideront à parler mieux le français. Le dialecte peut aussi
aider les élèves grâce à des comparaisons. (Lettre d’un élève de quatrième, décembre
1980, citée dans J. Richard, « L’école et les dialectes », paru dans Pourquoi ?, n° 165, mai 1980, et reproduit dans Langue dominante, langue dominée, ouvrage collectif, EDILIG, 1982, 133.)
2. – La gynéco lui [à la future mère] a dit qu’il [le bébé] faisait 3 kg 800.
– Ah bon ! Et elle le reçoit quand ? (Dialogue entre deux Alsaciennes, 50/60 ans, Strasbourg, marché du boulevard de la Marne, 11 juillet 1998.) 3. Les filles, à quatorze ans, recevaient leur première permanente. (H. Dreikaus, La Passion selon Huguette, 1999, 39.)
4. – Votre mari n’est pas là ?
– Il est parti à la boucherie, parce qu’à midi on ne reçoit plus rien. (Strasbourg, marché du boulevard de la Marne, 21 janvier 2000.) — En part. recevoir n an(s) "avoir n an(s)". Je reçois dix ans… mon anniversaire (Recueilli en 1974, dans WolfFischerAlsace 1983).
2. "subir, avoir (qqc. de désagréable)". Stand. avoir. – J’avais aussi déjà reçu mal à la gorge (Recueilli en 1978, dans WolfFischerAlsace 1983), recevoir l’appendicite, la grippe, le rhume (SalmonAlsacianismes 1999, 199).
5. Autant quand elle est assise Philomène Stemmelin se tient droite, autant quand elle
se lève, elle est courbée. Elle avance […], appuyée sur sa canne, le buste presque
parallèle au sol. Elle a reçu ça il y a un an, elle avait de plus en plus mal aux reins, un matin elle s’est réveillée
dans cet état, sa colonne vertébrale s’était affaissée et ne voulait plus se redresser.
(D. Zimmermann, Nouvelles du racisme ordinaire, 1996, 106.)
6. Il [un lecteur] a déjà reçu tout plein d’histoires avec la Bibliothèque : il avait des livres qu’il rendait pas.
(Agent de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, 12 juin 1997.)
◆◆ commentaire. Calques de l’all. où bekommen s’emploie dans ces contextes, ces acceptions sont inusitées en français standard
et tenues à l’écart de la lexicographie générale. On les a relevées aussi dans le
français de Belgique (dep. 1741 « C’est un langage bien étrange que celui de certaines personnes qui disent : Il a reçu la fièvre ; nous recevrons beau tems ; nous recevrons de mauvais chemins » E. Mauvillon, Remarques sur les germanismes, cité dans WolfFischerAlsace et PohlBelg 1950) et de Suisse romande.
◇◇ bibliographie. RLiR 42 (1978), 182 (Alsace) ; WolfFischerAlsace 1983 (avec bibliographie) ; SalmonAlsacianismes
1999, 199-200 ; aj. à FEW 10, 145a, recipere (où ces sens manquent).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (recevoir n ans) Bas-Rhin, 85 % ; Haut-Rhin, 80 % ; Moselle (est), 75 %. – (recevoir un bébé) Haut-Rhin, 90 % ; Bas-Rhin, 85 % ; Moselle (est), 65 %. – (recevoir le bus/le train) Moselle (est), 65 % ; Bas-Rhin, 55 % ; Haut-Rhin, 50 %. – (recevoir la grippe) Bas-Rhin, 55 % ; Haut-Rhin, Moselle (est), 20 %.
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