suite (tout de –) loc. adv.
〈Val-d’Oise, Essonne, Seine-et-Marne, Normandie, Indre-et-Loire, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher,
Loiret〉 usuel "maintenant, en ce moment, à l’heure actuelle". Tout de suite, mon fils travaille à Paris (Coutances, décembre 1998). Ma fille prend tout de suite des leçons de conduite [= auto-école] (id.).
1. – Vous tricotez beaucoup !
– Toujou ! Mais comme ma belle seu est mal foutue tout de suite et comme c’est elle qui m’ fait les mailles à perdre parce que j’ sais point, j’ tricote un cache-nez. (J. Recher, Le Grand Métier, 1977, 26.) ◆◆ commentaire. Ignoré par la lexicographie générale du français, ce sens est aujourd’hui caractéristique
du français du pourtour parisien et de la Normandie, où il est attesté dep. 1879 (« Tout de suite se dit aussi à Pont-Audemer pour actuellement […]. C’est une vraie faute » Robin et al., Dictionnaire du patois normand dans le département de l’Eure, 387) ; mais il est probablement bien antérieur dans la mesure où il est attesté aussi
à Saint-Pierre-et-Miquelon (DéribleSPM 1986 ; BrassChauvSPM 1990) et on l’a relevé
au début du 20e siècle dans la Nièvre (FEW). Il semble « refléter une évolution, qui n’est pas rare, depuis le sens de “à bref délai du moment présent” jusqu’à “au moment présent” et “à l’heure actuelle”, comme l’attestent par exemple l’évolution inverse de maintenant qui signifiait “immédiatement, bientôt” en ancien français ou les exemples de tout à l’heure pour “maintenant” dans certains parlers dialectaux (FEW 4, 469a, hora) » (BrassChauvSPM 1990).
◇◇ bibliographie. TuaillonRézRégion 1983 (Normandie) ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm 1990 ;
LepelleyNormandie 1993 ; FEW 11, 490a, sequi.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Essonne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Basse-Normandie,
Val-d’Oise, Seine-et-Marne, 100 % ; Eure-et-Loir, 80 %.
|