taugner v. tr.
〈Champagne, Ardennes, Franche-Comté〉 fam. "frapper, infliger une correction à" .
1. – A propos, pour ses habits, pas la peine de l’ taugner, c’est que d’ la terre. (M. Vuillemin, La Mort de Fany, 1994, 103.)
— Emploi pron. réciproque "se frapper, se battre". À la sortie du bal, il y a deux ou trois jeunes qui se sont tôgnés pour une histoire
de filles (DromardDoubs 1991).
2. La tablée se chamaillait, se taugnait en toute impunité, ou presque. (M. Vuillemin, La Mort de Fany, 1994, 230.)
■ graphie. En dehors de la graphie retenue en vedette, on relève togner (ColinParlComt 1992), tôgner (DoillonComtois [1926-1936] ; DromardDoubs 1991) et se tônier (GrandMignovillard 1977).
◆◆ commentaire. Caractéristique d’une aire discontinue à l’est de la France, taugner est absent des dictionnaires généraux ; il est attesté dans le français de Troyes
dep. 1761 (Grosley), à Reims dep. 1845 (Saubinet) et dans le Centre dep. 1864 (Jaubert)a. Le mot est d’origine incertaine : v. FEW 22/2, 153b ‘gifle’ et 21, 384a ‘battre’, sous lequel on rapatriera les formes égarées ibid., 13/1, 83b, *tanno (formes bourguignonnes) et 13/2, 61a, tornare (formes normandes et mosellanes).
a Sa présence chez un auteur limousin est peut-être un indice de sa conservation en
dehors de l’aire orientale : « – Oui, j’étais marié […]. Seulement, quand elle s’est mise à pomper, elle buvait tout
ce que je gagnais, cette peau de vache. Et comme je ne suis pas méchant je ne voulais
pas la ‘ taugner ’, ça n’aurait servi à rien » (Panazô, Le Traînard, 1994, 23).
◇◇ bibliographie. GrosleyTroyes 1761 tôgner ; SaubinetReims 1845 ; JaubertCentre 1864 ; GrandMignovillard 1977 se tônier ; DromardDoubs 1991 et 1997 tôgner ; ColinParlComt 1992 taugner ou togner ; TamineArdennes 1992 ; TamineChampagne 1993 ; LesigneBassignyVôge 1999.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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