toupine n. f.
〈Jura (peu employé), Haute-Savoie, Savoie, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Ariège, Haute-Garonne,
Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Lozère, Dordogne, Lot-et-Garonne, Gironde〉 rural, vieillissant "récipient en grès, en terre ou en métal, souvent à deux oreilles, destiné à divers
usages domestiques". Trois toupines de terre cuite pour mettre le confit (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 198). Le cul de la toupine (M. Scipion, L’Homme qui courait après les fleurs, 1984, 103). Toupine de cuivre (M. Rouanet, H. Jurquet, Apollonie, 1986, 28). La petite toupine dont l’émail est écaillé (Ibid., 143).
1. Pour empêcher la graisse [d’oie] de rancir, on la salait et on mettait les toupines dans un endroit frais. (A. Merlin et A.-Y. Beaujour, Les Mangeurs de Rouergue, 1978, 117.)
2. La Mamantine passe en revue les étranges choses accumulées par terre et alignées sur
d’autres tables et d’autres étagères.
– De drôles de toupines ! s’exclame-t-elle. À quoi ça sert tout ça ? (J. Jaussely, Deux saisons en paradis, 1979, 121.) 3. On faisait vieillir [le fromage de chèvre] dans une toupine en terre, recouverte d’une lauze* bien plate, cimentée tout autour pour éviter le contact de l’air. On plaçait cette
toupine dans la grange, sous le foin et elle y restait de 4 à 6 mois. (La Lozère à table, 1985, 126.)
4. Les caillettes* […] se conservent dans la graisse, dans une toupine en terre. (A.-M. Topalov, La Vie des paysans bas-alpins à travers leur cuisine, de 1850 à 1950, 1986, 60.)
5. Il faut une toupine de terre, bien culottée par la fréquentation de la soupe et du feu […]. (M. Rouanet,
Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 278.)
6. […] elle mettait les morceaux [des oies et des canards] pesés et salés sous la graisse,
au fond des toupines en grès. (A. Yzac, Le Dernier de la lune, 2000, 69.)
■ variantes. topine n. f. (GagnySavoie 1993 ; MichelRoanne 1998 « attesté au-dessus de 20 ans ») ; tupine n. f. « […] la plus sourde des vieilles du pays, la grosse Amélie, sourde comme une tupine ! » (L. Zinant, Graine de paysan, 1999, 35). – RLiR 42 (1978), 186 ; TuaillonSurv 1983, 20 ; DuraffHJura 1986.
— Par métaph. 〈Hérault (Sète)〉 "femme avec laquelle un homme a des relations sexuelles assidues hors mariage". Stand. maîtresse. – Il paraît qu’elle est la toupine d’un employé de la commune (LangloisSète 1991).
◆◆ commentaire. Variante du précédent, attestée dep. le début du 19e siècle, employée dans des aires sensiblement identiques, et prise en compte dans
la plupart des dictionnaires généraux avec marque diatopique : Rob 1985 « régional » ; TLF « surtout Languedoc et Provence » ; Ø NPR 1993-2000 ; Lar 2000 « région. (Provence, Sud-Ouest) ; Suisse ». La métaphore rappelle divers proverbes comme « Il n’est si méchant pot qui ne trouve son couvercle ».
◇◇ bibliographie. VillaGasc 1802 "pot à faire nicher les oiseaux" ; PomierHLoire 1835 (« Portez la toupine au four ») ; PépinGasc 1895 ; DuprazSaxel 1975 ; NouvelAveyr 1978 ; DuclouxBordeaux 1980 ;
DuraffHJura 1986 toupine ou tupine « usuel » "pot de grès utilisé comme saloir ou pour conserver les œufs, le saindoux ou le beurre
fondu" ; GuichSavoy 1986 « très commun » ; BessatGerMtBl 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; LangloisSète
1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; ChaumardMontcaret 1992 ; RobezMorez 1995 « peu employé » ; GermiChampsaur 1996 ; SuireBordeaux 2000 ; FEW 17, 348a, *toppin.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aveyron, Lot, Tarn, 100 % ; Tarn-et-Garonne, 65 % ; Ariège,
Haute-Garonne, 50 % ; Gironde, Lot-et-Garonne, 40 % ; Gers, Landes, Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, 0 %.
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