trappon n. m.
1. 〈Haute-Saône, Doubs, Jura, Isère〉 usuel "trappe donnant accès à la cave, qui s’ouvre dans le plancher de la cuisine ou, plus
fréquemment, sur le trottoir devant la maison". L’angle du trappon de cave relevé (B. Clavel, La Maison des autres, 1962, 78). Rabattre le trapon (DuraffHJura 1986).
1. – Allez, les gars, foutez-moi le camp ! Je voudrais bien aller me coucher, moi ! D’abord,
je ne sers plus rien à ce vieux bavard. En sortant, il va se casser une patte sur
le trappon de la cave et qui c’est qui sera responsable ? Moi, comme d’habitude. (H. Vincenot,
Le Pape des escargots, 1972, 258.)
2. La cave [de la maison vigneronne] est entièrement enterrée et située sous l’habitation.
Son ouverture sur la rue est fermée par un « trappon » formé de deux panneaux en bois ou en fer permettant la libre circulation des passants
sur le trottoir. (Cl. Royer, L’Architecture rurale française. Franche-Comté, 1977, 34.)
3. Sentinelle impitoyable, elle [la propriétaire acariâtre] apparaît toujours aux moments
les plus imprévisibles pour découvrir du linge qui sèche à la fenêtre, un palier non
balayé, le trappon d’une cave ouvert […] ou, comme c’est le cas à présent, des conciliabules entre les
locataires. (D. Sidot, 12, rue de la Roulotte, 1981, 36.)
4. – […] un vieux matou […] qui avait élu domicile sur le trappon d’une cave. (A. Blondin, Ma Vie entre des lignes, 1984 [1982], 301.)
5. La maison du vigneron a longtemps gardé sa façon dans nos vieux quartiers [de Besançon].
À Battant, le trappon de la cave interrompait le trottoir, un petit escalier montait à l’étroit logis.
(J. Garneret et P. Bourguin, dans Cl. Royer et al., Gamay noir & savagnin, 1988, 156.)
6. […] la rue du Commerce, dite « rue des Arcades », reste l’un des lieux forts de la ville [Lons-le-Saunier]. Artère pavée, rue commerçante,
elle recèle moult petits détails qui balisent l’histoire de la ville, comme les entrées
de caves vigneronnes, les trappons, visibles en haut de la rue. (Pays comtois, n° 8, septembre 1996, 38.)
2. 〈Rhône, Loire, Savoie, Ain, Isère〉 usuel "trappe d’accès à une cave ou à un grenier, pratiquée respectivement dans un plancher
ou un plafond".
7. […] elle tire sur une corde pendant du plafond et une échelle à contrepoids s’abaisse
[…]. Parvenue au sommet de l’échelle, la voici qui pousse un trappon et qui nous fait signe de monter. (San-Antonio, Tango chinetoque, 1966, 115.)
— Par analogie "trappe de petites dimensions à usages divers".
8. […] un trappon pratiqué dans le plancher de la chignole [= auto] […]. (San-Antonio, Remouille-moi la compresse, 1983, 112.)
9. Dans toutes les salles de bain il y a un trappon qui permet d’accéder sous la baignoire ; c’est pareil pour les machines à laver,
il y a un trappon qui permet de récupérer ce qu’on a pu laisser entre le tambour et la caisse. (GermiChampsaur
1996).
■ variantes. 〈Drôme, Ardèche (Annonay), Haute-Loire (Velay)〉 trappou (FréchetMartVelay 1993 « globalement connu » ; FréchetDrôme 1997 « globalement bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 « les 60 ans et plus préfèrent la forme trappou à la forme trappon »).
3. 〈Savoie, Rhône〉 "système de fermeture d’un étang ou d’un canal". Stand. bonde, écluse.
10. On passe la Haute-Saône et on tire* vers la Côte-d’Or. […] De loin en loin se trouvaient des lacs artificiels, on y faisait
l’élevage des poissons et ces lacs se vidaient comme on voulait avec des trappons. ([L. Fénix], Histoire passionnante de la vie d’un petit ramoneur savoyard, 1978 [av. 1958], 85.)
■ graphie. La graphie trapon n’est guère attestée que dans les recueils différentiels.
◆◆ commentaire. Dérivé sur fr. trappe "panneau, porte fermant une ouverture pratiquée dans un plancher ou un plafond" (dep. 1260, v. TLF) avec le suffixe diminutif ‑on, trappon est attesté dep. 1593 à Lyon (Hav 1890). Il est principalement en usage de nos jours
dans le français de Franche-Comté, où il est régulièrement enregistré dans les relevés
régionaux dep. le 18e siècle, et il a été relevé aussi dans le français de la Suisse romande (Pierreh).
Sa prise en compte – au seul sens 1 – par la lexicographie générale est sporadique
dep. Boiste 1835 (Besch 1845 ; Littré 1872 ; Lar 1876-Lar 1933 ; Rob 1985 « techn. »).
◇◇ bibliographie. SchneiderRézDoubs 1786 (1) ; MonnierDoubs 1859 (1) ; BeauquierDoubs 1881 (1) « s’emploie aussi à Genève » ; PuitspeluLyon 1894 (2) ; FertiaultVerdChal 1896 (1) ; GuilleLouhans 1894-1902 (1) ;
Mâcon 1903-1926 (2) ; VachetLyon 1907 (2) ; CollinetPontarlier 1925 (1) ; BoillotGrCombe
1929 (1) ; GarneretLantenne 1959 (1) ; SalmonVigneLyonnais 1976, 175 (2) ; DelortStClaude
[ca 1977] (2) ; RLiR 42 (1978), 186 (2) Isère, Savoie ; RouffiangeMagny 1983 (2) ; TuaillonVourey
1983 (2) « la chose devient rare » ; GononPoncins 1984 (2) « très courant » ; MeunierForez 1984 (2) ; DuraffHJura 1986 (1) « régionalisme inconscient » ; MartinPellMeyrieu 1987 (2) ; MartinPilat 1989 (2) « usuel à partir de 40 ans, en déclin au-dessous » ; DromardDoubs 1991 et 1997 (1) ; ColinParlComt 1992 (1) ; VurpasMichelBeauj 1992
(2) ; BlancVilleneuveM 1993 (2) « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 (2) « connu » ; FréchetAnnonay 1995 (2) ; SalmonLyon 1995 (2) et (3), ce dernier avec un ex. de
1939 ; GermiChampsaur 1996 (2) ; FréchetMartAin 1998 (2) « connu » ; MichelRoanne 1998 (2) « bien connu » ; FEW 17, 354a-b, trappa.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (2) Ain, Isère, Haute-Loire (Velay), Savoie, 100 % ; Ardèche, Drôme, Rhône, 65 % ; Loire,
40 %.
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