yo [joː] interj.
〈Moselle (est), Alsace〉 fam.
1. "(pour marquer la surprise ou l’admiration)". Stand. oh !
1. Pour remercier, Philomène Stemmelin se força à parler en français […] :
– Yo, comme c’est joli ! Combien je vous dois ? (D. Zimmermann, Nouvelles du racisme ordinaire, 1996, 110.) 2. "(pour renforcer une assertion)". Stand. ah !, oh !
2. – Yo, arrête, dit-il avec ce zeste d’accent alsacien […] qui le faisait appuyer sur la
première syllabe des mots. (G. Schoettel, Eaux fortes, 1992 [1981], 75.)
3. À force d’obstination, j’ai déniché un chef qui promeuve la gastronomie normande :
la chère madame Engel avec ses bottes blanches et ses lunettes bleues, sous la halle
de Beuvron-en-Auge [Calvados]. Succulents, son turbot au vinaigre de cidre et sa blanquette
de sole aux pommes. « Io, j’aime la bonne cuisine à la crème », confessa-t-elle avec son grand cœur d’… Alsacienne. (P.-M. Doutrelant, La Bonne Cuisine et les autres, 1986, 77.)
4. « […] Si je n’avais pas d’enfants, je crois que le dialecte* m’intéresserait moins. Je me dirais “Jo, l’alsacien, c’était quelque chose de notre temps”, je ne penserais pas à le pérenniser. » (J. Fritsch, dans Saisons d’Alsace, n° 133, automne 1996, 119.)
5. « Maman, regarde comme c’est beau. » Les mères se tournaient vers leur enfant rêveur et répondaient : « Yo ! arrête ! On a déjà acheté le double CD live de Mike Brandt. » (Kl. Weihnacht, Rififi au marché de Noël, 1997, 51.)
6. Au centre-ville [de Belfort], la cohue [des visiteurs alsaciens le jour du Vendredi-Saint,
férié en Alsace] reste toutefois inhabituelle et a pris quelques pointes d’accent.
/ « Yo, écoute donc. Je te dis que tu aurais payé ce chapeau plus cher chez nous », s’exclame une dame, avant de se lancer dans une argumentation en dialecte*. (Le Pays, 11 avril 1998, 15.)
— Dans le syntagme yo non !
7. Pas question toutefois de quitter le Neuhof [quartier de Strasbourg]. « Pour aller à Cronenbourg ou à Hautepierre ? Yo non ! dit Marguerite[,] qui résidait à Hautepierre il y a deux ans. Là-bas, il y a seulement des routes et des cages à lapins. » (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 26 août 1997, TE 5.)
8. Les enfants, on ne les emmène plus aux enterrements : « Jo non ! ils n’ont pas besoin de savoir que ça existe. » (H. Dreikaus, Le Monde d’Huguette, 1997, 25.)
■ graphie et prononciation. La forme la plus fréquente à l’écrit (yo) est sans doute choisie parce qu’elle est, en français, la plus proche de la prononciation
[jo:], mais les diverses formes (io, jo, yo) sont prononcées [jo:].
◆◆ commentaire. Ponctuation du discours, fréquente à l’oral (on remarquera que tous les exemples ci-dessus
sont au style direct), transfert d’als. jo, de même valeur (GuizSpethDialect 1991). Absent de la lexicographie générale et régionale.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bas-Rhin, Haut-Rhin, 100 % ; Moselle (est), 90 %.
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