les citations
déclichette n. f.
〈Surtout Champagne, Ardennes, Lorraine très fam. "évacuation fréquente de selles extrêmement liquides". Stand. colique, diarrhée. Synon. région. cagagne*, dringue*. – Arrête de manger des pommes vertes, tu vas encore avoir la déclichette toute la nuit (RoquesNancy 1979).
1. […] Yvon cueille les plus mûres parmi les pêches. Ce n’est pas qu’il s’en régale, elles ont encore l’intérieur demi vert, mais allez savoir pourquoi le besoin vous démange de déshabiller un arbre de ses fruits. « Je vais avoir la déclichette » dit Yvon rejetant la dernière pêche et pressentant un début de gêne au ventre. (Ch.-A. Klein, La Terre dans les veines, 1978, 234.)

◆◆ commentaire. Type lexical attesté dep. 1833 dans un glossaire patois (Fr. Cordier, Vocabulaire des mots patois en usage dans le département de la Meuse [parler de Brillon], FEW) et aujourd’hui en usage dans le français d’une aire compacte du Nord-Esta, déclichette n’est pas pris en compte par la lexicographie générale. Il est rattaché par le FEW à la base onomatopéique klikk- (cf. mfr. déclichement "déclic" (Reims), gaum. déclitchi "faire tomber le chien d’une arme à feu"). Si le terme semble caractéristique du Nord-Est, on remarquera que le seul exemple écrit qu’en fournisse la documentation témoigne d’une certaine extension de cette aire (Loir-et-Cher).
a Ainsi qu’à Saint-Mard (Belgique). Le même type lexical est bien connu dans les parlers gaumais et wallons du sud de la Province de Luxembourg (FrancardBastogne 1994 ; ALW 15, 175a), mais il est senti comme « dialectal » là où il se présente avec le préfixe dus- ou dis‑. Par contre, dans la région de Saint-Mard, le préfixe dè- qui apparaît dans les formes dialectales a probablement favorisé la perception de ce mot comme « français » (Comm. de M. Francard).
◇◇ bibliographie. RaillietReims 1930 ; J. Babin, Les Parlers de l’Argonne, Paris, 1954, 274 ; CrouvChampagne 1975 décliche ; RoquesNancy 1979 ; LanherLitLorr 1990 ; TamineArdennes 1992 ; FEW 2, 781b, klikk-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Meuse (nord), 100 % ; Aube, 80 % ; Ardennes, Marne, 70 % ; Haute-Marne, 50 %.