dringue n. f.
très fam.
1. 〈Surtout Puy-de-Dôme "évacuation fréquente de selles extrêmement liquides". Synon. région. cagagne*, déclichette*. – Avoir la dringue ; ramasser la dringue (PotteAuvThiers 1993).
2. Par méton. Côte-d’Or (Magny-lès-Aubigny)〉 avoir la dringue loc. verb. "avoir la colique" (RouffiangeMagny 1983)a.
a Sans correspondant en patois.

◆◆ commentaire. Archaïsme et vulgarisme emprunté à la variété parisienne substandard (Delvau 1866 "ventris flexus, dans l’argot des faubouriens"-France1910), qui avait elle-même emprunté le mot au picard. 1 est bien vivant dans le Puy-de-Dôme (présent dans la nomenclature française de BonnaudAuv 1978 ; « employé/connu » de 8 témoins sur 11 ; attesté ClermF. Veyre-Monton, Vic-le-Comte, Thiers, Ambert ; mais inemployé et inconnu dans le Cantal et le Brivadois, sauf La Chaise-Dieu [« connu »])a où il tend à fonctionner comme corrélatif (intensif) du terme poli diarrhée. La première attestation régionale ne remonte qu’à 1941 (BigayThiers), bien que la présence du mot en Basse Auvergne (orientale) soit documentée av. 1893 par Thiolières driengo (Jars 421) et en 1912 par Ambert dryẽgo (Michalias) ; selon Wartburg, qui a en vue l’attestation ambertoise, « das vom verbum abgeleitete subst. dringue [en picard] ist dann auch in den argot und nach Paris gelangt und von da vereinzelt in mundarten » (FEW 15/1, 71b), mais il est clair que c’est la variété française régionale qui a nécessairement servi d’intermédiaire entre Paris et les parlers dialectaux. Il en a été de même pour 2, cf. Côte-d’Or drẽg "colique" relevé (ALB 1646 pt 23, 32) dans deux points très proches de Dijon (Bellefond, Détain-et-Bruant). Les autres attestations dialectales – Ain (Grièges) drẽga "diarrhée" (1946, ALLy 992 pt 9), Jura (La Loye) grẽg ALFC 1109 pt 80 (par altération secondaire de l’initiale), Arconsat dringo "dysenterie" Becquevort, cf. aussi Rhône dre)g "averse" ALLy 786 pt 30 –, bien que sporadiques, entraînent de même vers le Centre-Est et peut-être vers Lyon (bien que le mot n’y ait jamais été relevé).
a Absent de la documentation métalexicographique consultée, sauf RouffiangeMagny 1983.
◇◇ bibliographie. FEW 15/2, 71ab, dringen ; SainéanParis 1920, 281 ; ALLy 5, 572 (et 488) ; RouffiangeMagny 1983 ; PotteAuvThiers 1993 (sans localisation précise, base thiernoise) ; enq. 1994-96.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Puy-de-Dôme, 70 % ; Haute-Loire (nord-ouest), 15 % ; Cantal, 0 %.