les citations
airial n. m.
Landes (nord), Gironde (sud) usuel, ethnologie "vaste terrain herbeux ombragé de chênes, sur lequel sont disposés les bâtiments des habitations rurales landaises". Sur l’airial de la métairie (Chr. de Rivoyre, Racontez-moi les flamboyants, 1996 [1995], 85). Vaste airial de 3 hectares [à Noaillan, Gironde] (Sud-Ouest, éd. Sud-Gironde, 12 juin 2000).
1. Quand il [le voisin] déménageait, quand il se mariait, quand il tuait le cochon, on laissait tout tomber dans la maison pour se porter chez lui, entasser ses meubles sur le bros [charrette], accrocher des lampions aux chênes de son airial, saler ses jambons et assaisonner la chair de ses saucisses et de son boudin. (Chr. de Rivoyre, Belle Alliance, 1982, 119.)
2. Sous le soleil de nouveau maître du ciel, l’air semble avoir retenu une partie de l’eau déversée à torrents ; arbres, champs, airiaux, tout le paysage, de chaque côté de la route bosselée, est d’une fraîcheur intense […]. (Chr. de Rivoyre, Belle Alliance, 1982, 246.)
3. Aujourd’hui clairière ouverte dans la grande forêt de pins, l’airial est à l’origine le lieu d’un établissement humain permanent dans une Lande herbeuse ouverte au parcours des troupeaux ovins. D’une surface de quelques dizaines d’ares pour les plus petits, à quelques hectares lorsque plusieurs métairies sont regroupées, l’airial est complanté de chênes, et présente à l’œil une pelouse soigneusement entretenue par un fauchage régulier ou, le plus souvent autrefois, par le pacage des troupeaux. (P. Bidart, G. Collomb, L’Architecture rurale française. Pays aquitains, 1984, 44.)
4. La maison occupe le milieu de l’airial qui est à la fois herbage, parc et verger. Que d’arbres l’ombragent ! […] Notre airial, spacieux, couvre près d’un hectare. Il faut du large aux volailles qui déambulent du matin au soir. Et la haie frontière qui sépare l’airial du champ est à bonne distance de la ferme. (G. Laporte-Castède, Pain de seigle et vin de grives, 1989, 114.)
5. L’airial fut le théâtre de toutes les grandes opérations landaises. C’est là qu’on mettait en scène la « tuaille » du cochon […], là encore qu’on installait la machine à vapeur et la batteuse […]. C’est encore sur l’airial qu’on disposait parfois le reposoir des processions ou qu’on allumait le feu de la Saint-Jean. / Espace de convivialité, centre de vie d’une collectivité familiale […], l’airial donne à l’habitat landais cet air de majesté qui sied si bien aux demeures et jusqu’aux plus chétives d’entre elles. (Ch. Daney, Dictionnaire de la Lande française, 1992, 16.)
6. rare : véritable ferme landaise et son airial/ Propriété typique de la région des Landes Girondines […]. (Le Nouvel Observateur, 23 mars 2000, 169 [Petites annonces].)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
7. […] l’Ecomusée de Marquèze […] / De Sabres, un pittoresque chemin de fer à voie étroite réutilisé pour la circonstance conduit vers un airial, clairière d’habitation typique de la Grande Lande, où se conjuguent bâtiments dissociés et chênes séculaires. (M. Cassou-Mounat, La Vie humaine sur le littoral des landes de Gascogne, 1977, t. 2, 779.)

◆◆ commentaire. De même que son référent, airial est aujourd’hui typique et emblématique de la région des Landes. Attesté en français dep. 1668 (« la metterie appelée au Cassoa, concistant en maison, parcq, eyrial, jardin, vigne, champs, predz, landes et generallement touttes les terres deppendentes » Arroy, notaire du Houga [Gers], dans J.-L. Fossat, MélGuilbert 1979, 106). Il s’agit d’un emprunt au gascon, de même sens, non attesté à date ancienne (mais cf. ca 1187-1236 airal en Quercy "terrain voisin ou à l’entour d’une maison" et 1455 ayral en Rouergue "id.", tous les deux dans FEW ; la forme gasconne en ‑ial s’explique, selon Corominas, par area + ‑iv(us) + alis, v. FEW). Absent de Littré, GLLF et TLF, le terme est enregistré dans Rob 1985, qui le donne comme « régional. En Provence » [sic, avec un exemple de Chr. de Rivoyre !].
◇◇ bibliographie. BoisgontierAquit 1991 ; aj. à FEW 25, 169b-170a, arealis.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Landes, 100 % ; Gironde, 60 %.