bernache n. f.
〈Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Sarthe, Maine-et-Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Indre-et-Loire,
Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Indre (sauf sud-est), Cher, Allier (spor.)〉 usuel "vin nouveau, non fermenté". Stand. vin bourru. – La confrérie des Goûteux de bernache de Vouvray (La Nouvelle République du Centre-Ouest, 19 octobre 1998, 10). Reugny [Indre-et-Loire] / Foire à la bernache (Id., 18-19 septembre 1999, 13).
1. Je disais ça l’autre jour à Prudent Lerout, comme on était à prendre un coup de bernache au Tabac […]. (H. Bouyer, L’Éclair, 16 octobre 1971, dans BrasseurNantes 1993.)
2. Un bruit diffus monte du sous-sol : les vignerons s’affairent autour des pressoirs
et des futailles. On goûte la « beurnache » trouble et sucrée qui coule en ruisselet […]. (R. Fournier, « Vendanges et culture de la vigne en Loudunais », dans Aguiaine 6 (1972), 382.)
3. […] au moment des vendanges on voit dans tous les cafés, « Dégustation de bernâche ». (M.-R. Simoni-Aurembou, « Le français régional dans la vallée de la Cisse », dans ColloqueDijon 1976, 80.)
4. Feu de Dieu place un verre afin de recueillir la première coulée de bernache. Elle est musclée comme un bœuf, douce comme un sirop et à la fin du compte enjôlante
comme une belle fille. (Ch.-A. Klein, La Terre dans les veines, 1978, 163.)
5. […] des marrons qu’ils grignotaient en trinquant à la bernache. (G. Boutet, Les Gagne-misère, 1987, t. 3, 226.)
6. 6e fête de la bernâche à Vouvray [titre] / Les derniers vendangeurs viennent de quitter nos ceps […]. La Bernâche vous attend à Vouvray. Une deuxième année consécutive, est-ce possible ? Venez le
constater dimanche 4 novembre toute la journée en dégustant le fruit du travail des
vignerons qui descendront dans les rues de Vouvray pour cette occasion. (La Nouvelle République du Centre-Ouest, novembre 1991, dans SimonSimTour 1995).
V. encore ici ex. 9.
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
7. Un jus très sucré, couleur de rubis, coulait dans un baquet ; c’était la bernache, comme on dit dans le Blésois, à quoi Louise goûtait avec délices… (Fr.-P. Raynal,
Faubourg, 1950, 206.)
8. Notre homme ne s’était pas noyé dans le « cit » [en note : cidre] mais il avait goûté plusieurs fois (pour s’en souvenir mieux) du poiré,
et surtout de la bernache, ce jus de raisin à l’apparence d’eau savonneuse, si tellement engoulante [= gouleyante].
(A. Poulain, Contes et Légendes de Haute Bretagne, 1995, 203.)
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
9. – […] C’était à la vendange. Tiens, tu sais ce que c’est la bernoche ?
– Heu ? oui, c’est le jus de raisin qui fermente. Hein ? – C’est ça. He [sic] ben, un souér, avec ma sœur, et puis le commis, on a été goûter à la bernoche. (Ch. Briand, La Batteuse, 1991, 50.) ■ graphie. On a retenu en vedette bernache, mais le mot connaît à l’écrit d’autres réalisations (bernâche, beurnache), qui essayent d’en reproduire la prononciation suivant les lieux. La graphie de l’ex. 9
note probablement pour la voyelle tonique un [ɑ] très postériorisé.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1864 dans le français du Centre (« bernâche » Jaubert), le terme est plus ancien sous la forme brenêche ("nom qu’on donne en Normandie au poiré nouveau dans le temps qu’il est encore doux", Trév 1752-1771), encore dans Lar 1867, qui ajoute : « Dans quelques contrées du centre et de l’ouest de la France, le Maine, le Perche et
l’Anjou, on dit plutôt bernache, et ce mot s’emploie surtout pour désigner le vin doux qu’on nomme ailleurs vin bourru », le mot a été relevé dans les atlas linguistiques des régions considérées (ALIFO
226* « ce mot fait partie du français régional » ; ALO 216* et 222* ; ALCe 730). Il est surtout usité dans le Val de Loire ou à proximité
immédiate. Non pris en compte par la lexicographie générale contemporaine, il est
rattaché par FEW à la base celtique *brenno- "son, bran", en raison du caractère brouillé, trouble du liquide qu’il désigne.
◇◇ bibliographie. RézeauOuest 1984 et 1990 bernache, beurnache, brenache ; BrasseurNantes 1993 ; FEW 1, 515a, *brenno.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Sarthe, 100 % ; Indre, Maine-et-Loire,
80 % ; Eure-et-Loir, Loir-et-Cher (sud), 65 % ; Loire-Atlantique 60 % ; Cher, 40 % ;
Ille-et-Vilaine, 25 % ; Loiret, 20 % ; Allier, 15 % ; Essonne, Seine-et-Marne, Val
d’Oise, 0 %.
|