brousiner, broussiner v. impers.
fam.
I. 〈Landes (nord), Gironde〉 il brousine "il tombe une pluie fine". Stand. bruiner, crachiner. Synon. région. chagriner*, mouillasser*.
II. 〈Aube, Haute-Marne, Lorraine, Haute-Saône (Jonvelle)〉 il broussine "il tombe une pluie fine". Stand. bruiner, crachiner. Synon. région. chagriner*, mouillasser*. – Il broussine comme ça depuis le matin (LanherLitLorr 1990). Y a rien de plus pénétrant quand ça broussine comme ça (TamineChampagne 1993).
1. Au plateau froid, où il « broussine » plus souvent qu’il ne fait soleil, déserté par les hommes et abandonné à la forêt,
correspond le flanc plus hospitalier des Côtes, les pentes bien exposées où l’on cultivait
jadis la vigne, aujourd’hui remplacée par les vergers […]. (Pays et gens de France, n° 80, la Meurthe-et-Moselle, 5 mai 1983, 5.)
2. Il tombait des cordes, puis il broussinait un moment, une pluie fine et entêtante qui faisait comme un fin voile mobile, impalpable,
comme un brouillard devant les yeux, puis de nouveau il tombait des cordes. (H. Pagan,
Dernière Station avant l’autoroute, 1997, 231.)
3. Hier, à Paris, il broussinait tout l’après-midi. (Femme env. 50 ans, secrétaire, Nancy, le 16 octobre 1997.)
4. Un jour plongé dans la grisaille d’une petite pluie qui avait fait dire à papa : « Il broussine » […]. (É. Fischer, Les Pommes seront fameuses cette année, 2000, 214.)
◆◆ commentaire. Ces deux mots sont absents de Littré et des dictionnaires généraux contemporains.
La dispersion des formes avec /z/ intervocalique (relevées dans la Gaume, en Bourgogne,
dans l’Ain et le Sud-Ouest, v. FEW 21, 5b-6a ‘pleuvoir ; pluie’) semble désigner un archaïsme, aujourd’hui replié dans la région bordelaise ; à l’intérieur
de cet ensemble, une autre aire, rassemblant des formes avec /s/ intervocalique, se
dessine nettement dans l’Est (cf. FEW 1, 552a, *brod ; ALFC 31, pts 3, 4, 6, 11). Il est difficile de déterminer s’il s’agit de deux formes
d’un même type lexical ou s’il s’agit de deux types différents ; malgré une tentative
proposée par Hubschmid Vox 12, 115 (d’espagnol bruja "sorcière"), l’étymologie reste problématique.
I. est attesté dep. 1823 en français de Gironde (« brousiner. Dites, bruiner » JBL).
II. est attesté dep. 1807 en français de Lorraine (« Broussiner pour Bruiner. Ne dites pas, il broussine. Il ne pleut pas bien fort, il ne fait que broussiner » Michel) ; il a été aussi relevé dans les patois du nord et du nord-est de la la France :
ALPic 329, pts 27, 28 (Pas-de-Calais) et 96, 121 (Aisne) et ALLR 21 (surtout Meurthe-et-Moselle,
Moselle, Vosges).
◇◇ bibliographie. I. JBLGironde 1823 ; FertiaultVerdChal 1896 ; MussetAunSaint 1929 ; GonthiéBordeaux
1979 ; DuclouxBordeaux 1980 ; TuaillonRézRégion 1983 ; SuireBordeaux 1988 et 2000 ;
BoisgontierAquit 1991. – II. MichelLorr 1807 ; BourquelotProvins 1868 ; MaugBagneuxHSeine 1936 ; FleischJonvelle
1951 ; CrouvChampagne 1975 ; RoquesNancy 1979 ; TuaillonRézRégion 1983 ; LanherLitLorr
1990 ; TamineChampagne 1993 ; MichelNancy 1994 ; LesigneBassignyVôge 1999.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance (II) : Aube, 80 % ; Meurthe-et-Moselle, 75 % ; Meuse, 50 % ; Haute-Marne, Moselle, 25 % ;
Marne, 10 % ; Ardennes, 0 %.
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