chagriner v. impers.
1. 〈Basse-Normandie〉 fam. ou pop. "pleuvoir légèrement". Stand. bruiner, crachiner. Synon. région. brousiner/broussiner*, mouillasser*.
2. 〈Champagne, Lorraine〉 fam. ou pop. Emploi pron. "se couvrir (du ciel) ; se dégrader (du temps)". Voilà que ça se chagrine ; on va repayer [= payer] la semaine de beau temps qu’on vient d’avoir (TamineChampagne 1993).
■ remarques. L’absence d’attestations écrites, en dehors de celles fournies par les recueils différentiels,
indique un usage marqué, réservé à l’oral.
◆◆ commentaire. Par métaphore de fr. (se) chagriner "(s’) attrister, (s’) assombrir" (cf. fr. temps maussade), ces sens sont attestés dans le français de Normandie dep. 1887 (Moisy) et de l’Aube
dep. 1893 (FEW) et ils ont été relevés au début du siècle dans la région parisienne,
la Somme, la Haute Bretagne et le Maine-et-Loire. La présence du mot au sens 2 au
Québec (1872, FichierTLFQ ; Clapin 1894, Dionne 1909, GPFC 1930, DQA 1992 ; ALEC 1164),
en Acadie (PoirierAcadG s.v. temps ; MassignonAcad 1962, § 84 ; CormierAcad 1999 ; NaudMadeleine 1999) et à Saint-Pierre-et-Miquelon
(BrassChauvSPM 1990) indique une ancienneté bien plus grande et les traces actuelles
de son usage en France le désignent comme un archaïsme du français populaire.
◇◇ bibliographie. MazeHavre 1903 ; BarbeLouviers 1907 ; StMleuxStMalo 1923 ; MaugBagneuxHSeine 1936
se chagriner ; LepelleyBasseNorm 1989 ; RoquesNancy 1991 ; LepelleyNormandie 1993 ; TamineChampagne
1993 ; Lorraine (comm. A. Litaize) ; FEW 16, 68b et 69a, *grînan.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Basse-Normandie, 80 %.
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