charbonnille n. f.
〈Isère (La Combe-de-Lancey, Vourey), Drôme, Alpes-de-Haute-Provence, Gard, Ariège,
Haute-Garonne (Toulouse), Tarn, Tarn-et-Garonne, Aveyron, Ardèche, Velay〉 vieillissant "menu charbon de bois utilisé naguère pour les fers à repasser, les chauffe-pieds ou
les potagers". Synon. région. charbonnette* (sens 2). – Souvent, c’est chez les boulangers qu’il faut aller chercher de la charbonnille (TuaillonVourey 1983). J’ai travaillé dans un chantier où l’on faisait de la charbonnille (FréchetDrôme 1997).
1. Il s’assit sur le banc à gauche (à droite il y avait tout l’assortiment de pelles
plates et la pattemouille [v. patte]) et regarda sagement, les bras croisés, faire le pain. Autran avait amené à la porte
toute la charbonille [sic] rutilante et il semblait que le four bavait. (P. Magnan, L’Aube insolite, 1998 [1946], 54.)
2. […] le « potager » (sorte de foyer maçonné) fonctionnant à la charbonnille, que nous allions acheter, pour quelques sous, chez le boulanger d’en face, dans un
grand panier rond réservé à cet usage […]. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 101.)
3. Il […] fabriquait une charbonnille qui ne s’effritait pas et ne tachait pas les doigts. (P. Magnan, Les Charbonniers de la mort, 1988 [1982], 217.)
4. […] ces Piémontais qui leur vendaient si cher les débris de charbonnille pour les chaufferettes. (P. Magnan, Les Charbonniers de la mort, 1988 [1982], 221.)
5. On vendait de tout dans cette épicerie-buvette, jusqu’à des paquets de ligots [= allume-feu]
aux extrémités enduites de résine et attachées avec du fil de fer, des boulets de
charbon et de la charbonnille en sacs de papier. (H. Soum, Chronique des bords de Garonne. La Basane, 1985, 95.)
6. Pendant ce temps, sur un fourneau au-dessous duquel se consume la « charbonille » [sic] (le charbon de bois tiré d’un sac suspendu à la carriole [du rétameur ambulant]),
dans un récipient en grès de forme évasée, fond lentement l’étain qui va redonner
l’aspect du neuf à ce bric-à-brac ménager. (M. Thourel, Vivre à Marengo, 1985, 92-93.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
7. La brasque ou charbonille [sic] (petits morceaux résiduels de charbon de bois) était donnée aux paysans, « en douce », en échange de quelques pommes de terre, de légumes. (D. Musset, « De mémoire de charbonniers », dans Alpes de lumière, n° 119, 1996, 60.)
— Emploi comptable "morceau de ce charbon".
8. Une fois équarri, ils [les scieurs de long] traçaient sur les planches avec une « charbonnille » noire sur toute la longueur du billon – on appelle billon les parties du tronc sectionné.
(L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 73.)
V. encore s.v. mâchurer, ex. 2.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1835 dans le français de la Haute-Loire (Pomier), ce dérivé sur fr. charbon "combustible obtenu à partir de bois qu’on a brûlé à l’abri de l’air" (dep. 12e s., FEW), avec le suff. à valeur collective ‑ille, est absent des dictionnaires généraux contemporains et de Frantext. Son aire (est et sud du Massif central) semble distendue, probablement en raison
du caractère progressivement obsolète du référent au cours de la seconde moitié du
20e s. ; elle est légèrement différente en frpr. et dans les parlers d’oc qui connaissent
aussi ce type lexical (Dauphiné, Marseille dep. Achard 1785, Tarn, Lozère, Cantal,
Périgord ; v. FEW).
◇◇ bibliographie. PomierHLoire 1835 ; OffnerGrenoble 1894 charbonille ; BrunMars 1931 id. ; SéguyToulouse 1950, § 110 « tout le Midi » ; VincenzCombeL 1974, 31 ; EspallBernisToulouse 1979 ; TuaillonVourey 1983 ; LangloisSète
1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; MazaMariac 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; FréchetAnnonay
1995 ; FréchetDrôme 1997 ; MoreuxRToulouse 2000 « inconnu de nos informateurs jeunes » ; FEW 2, 355a-b, carbo.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aveyron, 100 % ; Tarn-et-Garonne, 65 % ; Ariège, Haute-Garonne,
50 % ; Tarn, 40 %.
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