chpountz adj. et n.
1. péj. N. m. ou f.
— 〈Surtout Lorraine (romane)〉 "Lorrain germanophone ; Alsacien ; Allemand". On ne pourra jamais s’entendre avec les Chpountz : c’est pas les mêmes que nous (LanherLitLorr 1990). Ce week-end, je vais voir les chpountz (MichelNancy 1994).
1. […] Abdellah commence à parler : « Les Parisiens sont des lapins, les Alsaciens des chpountz et moi, je suis le bougnoule, hein, c’est ça ? » (Témoignage recueilli dans Le Monde, 4 mai 1995, 24.)
2. Monsieur Cazenave s’accorde un instant pour trinquer avec nous.
– Je te présente mes copains de régiment originaires de l’Est de la France. – De la région des « spouns » ? – Voyons, papa, qu’est-ce qui te prend à dénigrer ainsi les gens ? – Oh ! je dis cela sans parti pris. C’est encore une réminiscence de l’armée. (R. Marchal, Les Tribulations d’un soldat de marine, 1998, 145-146.) — 〈Alsace〉 "Allemand". Stand. péj. Boche.
3. Et ils me l’ont tous répété, les chefs du Haut et du Bas-Rhin : qu’il n’existe pas
de gourmand plus tatillon, plus casanier, plus difficile et plus enraciné que l’Alsacien.
/ Et qui veut qu’on le reconnaisse, quand il entre au restaurant. Et qui exige la
même table. Et qui s’insurge contre une absence fortuite de la patronne. Et qui ne
supporte pas plus de trois « Schpountz » (Allemands) dans la salle. (P.-M. Doutrelant, La Bonne Cuisine et les autres, 1986, 129.)
4. Populaire, sans façon, volontiers pris d’assaut par les « schpountz » de l’au-delà du Rhin qui acceptent, comme des enfants, d’être houspillés, bousculés,
interpellés par les rodomontades du maître : tel est Le Saint-Sépulcre [une winstub* de Strasbourg]. (G. Pudlowski, Je vous écris de Strasbourg, 1988, 49.)
2. N. m. 〈Lorraine romane〉 "parler germanique, notamment d’Alsace et de Lorraine germanophone". Je ne le comprends pas, il parle le chpountz (MichelNancy 1994) ; 〈Moselle (est), Alsace〉 "allemand standard".
5. « De toute façon, c’est écrit en “schpountz” et on n’y comprend rien, alors… » (Paul Greissler, préf. à Deux Touristes alsaciens à la fin du Second Empire, 1990, 6.)
■ graphie. L’absence de tradition lexicographique du mot explique la diversité des graphies,
celle de l’ex. 2 étant plus rare.
◆◆ commentaire. Non pris en compte par la lexicographie générale, ce terme est d’origine obscure,
peut-être phono-symbolique. Il a dû être diffusé à la suite du film de Marcel Pagnol,
Le Schpountz (1938)a, mais la documentation existante est trop sommaire pour permettre de retracer cette
filiation éventuelle et les modalités de son introduction dans le français de l’Est.
Son usage a aussi été relevé dans le français de Belgique par l’équipe Valibel (dans
le sud de la Province de Luxembourg, notamment à Saint-Mard), où chpountz désigne péjorativement les Grands-Ducaux.
a Lors du tournage du film Angèle [1934], un jeune homme « à l’allure et au comportement curieux » se présentait tous les matins pour essayer de décrocher un rôle de figurant. « Pour signaler le raseur à Pagnol, Willy, le chef-opérateur, avait inventé un mot.
Lorsqu’il l’apercevait, il le montrait du menton et murmurait : – Té vé, voilà le
schpountz ! D’où venait ce vocable ? Impossible de le savoir. La question avait été
au centre d’une querelle philologique entre Pagnol et Charpin. Selon le premier, Willy
étant d’origine slave, il signifait “simple d’esprit” dans une langue d’un pays de l’Est. D’après le second, c’était un mot yiddish ou
slave, “schpountz” se traduisait en provençal par “fada” » (Jean-Jacques Jelot-Blanc, Pagnol inconnu, Paris, 1998, 186).
◇◇ bibliographie. TuaillonRézRégion 1983 ; LanherLitLorr 1990 ; MichelNancy 1994 « bien connu ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle (sauf est), Vosges, 100 %.
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