clovisse n. f.
〈Provence, Côte languedocienne, Toulouse, Bordeaux〉 usuel "coquillage bivalve comestible du genre Venus ou Tapes, proche de la palourde". Clovisses farcies (Ch. Blavette, Ma Provence en cuisine, 1984 [1961], 206). Trois palourdes […], quelques clovisses (Le Monde, 30 avril 1999, 29).
1. À Marseille, autour du Vieux-Port, les amateurs dégustent les clovisses, les violets* au goût d’iode très prononcé, les moules et les oursins. (Guide vert, Provence, 1981, 38.)
2. […] on eut des moules à la ravigote, des clovisses persillées et du thon à la catalane pour commencer. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 159.)
3. […] une clovisse de quinze grammes, ça vous contient toutes les odeurs de toutes les mers… (P. Cauvin,
Rue des Bons-Enfants, 1990, 110.)
4. J’avais pris Marie-Lou par le bras et l’avais entraînée de l’autre côté du cours Jean
Ballard, place Thiars. Chez Mario. Une assiette de mozzarella et tomates, avec câpres,
anchois et olives noires. Un plat de spaghetti [sic] aux clovisses. Un tiramissu [sic]. Le tout arrosé d’un Bandol du domaine de Pibarnon. (J.-Cl. Izzo, Total Khéops, 1995, 86.)
V. encore s.v. violet, ex. 2.
— Au sing. à valeur générique.
5. La clovisse c’est la palourde du pauvre. Même ornement de la coquille, même couleur, goût très
proche, mais taille naine. La clovisse est idéale pour la préparation des épinards […]. (M. Rouanet, Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 150.)
■ remarques. Les définitions des dictionnaires pour ce mot sont des plus floues. Certains auteurs
donnent clovisse comme synonyme de palourde (Ph. Gramet, Découvrir les animaux du littoral, Rennes, Ouest-France, 1978, 48 ; LittréSuppl ; GLLF ; Lar 1982 ; NPR 2000 ; Lar 2000),
d’autres comme synonyme de praire (Inventaire de la faune de France, Paris, Nathan, éd. 1997, 382). On doit sans doute distinguer trois référents, chacun
avec son signifiant (cf. « Clovisses, palourdes et praires » B. Mascarelli, La Table en Provence et sur la Côte d’Azur, 1947, 113 ; « Veneridae (palourdes, praires, clovisses) » J. Pérès, La Vie dans l’Océan, 1966, 102 dans Frantext ; v. encore ici ex. 5). En fait, la famille des Vénéridés compte une quinzaine de
variétés (Josette Arrecgros-Dejean, Coquillages marins, Lausanne, Payot, 1966, 36-40) et seule une enquête très ciblée permettrait d’établir,
région par région, le référent exact correspondant à clovisse. Sur la côte vendéenne, par exemple, vénus ou fausse palourde est l’appellation du tapes doré.
◆◆ commentaire. Attesté en 1611 comme terme marseillais (clouïsse, Cotgr), le mot est aujourd’hui en usage essentiellement sur les côtes méditerranéennes
ou en référence à elles, mais aussi à Toulouse et à Bordeaux. Documenté dep. 1769
(clovisse, DuhamelPêches, 95b ; 1838 clovis, Stendhal, Mémoires d’un touriste, v. TLF ; 1846 clovisse, A. Dumas père, en référence au Midi, Frantext ; 1872 clauvisse, A. Daudet, à Marseille, Frantext), clovisse est un « emprunt au pr. clauvisso, de même sens, att. au 17e s. (Reynier de Briançon, dans Mistral, altération de clausisso (17e s., D. Sage, ibid. ; [cf. Ronjat, § 291 d]), dér. de claus, part. passé de claure "clore" » (TLF). En dehors de sa prise en compte ponctuelle par Cotgr, le terme est enregistré
dans la lexicographie à partir de la fin du 19e siècle : Lar 1869 ; LittréSuppl (sans mention diatopique, mais avec citation tirée
du journal méditerranéen le Phare du littoral) ; GLLF « dans les régions méditerranéennes » ; Rob 1985 « régional (Provence) » ; TLF « région. (Provence) » ; NPR 1993-2000 « région. » ; Lar 2000 sans marque.
◇◇ bibliographie. VillaGasc 1802 clouvisse ; MichelDaudet ; BrunMars 1931 "coquille bivalve, très recherchée comme coquillage" ; RostaingPagnol 1942, 124 ; GonthiéBordeaux 1979 ; BlanchetProv 1991 ; MoreuxRToulouse
2000 « régionalisme inconscient […] utilisé par tous les Toulousains amateurs de coquillages » ; FEW 2, 747b, claudere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|