violet n. m.
〈Côte méditerranéenne〉 usuel "mollusque des fonds sableux de la Méditerranée (Microcosmus sulcatus) à coquille bleu violet, riche en iode et en manganèse, apprécié pour ses qualités
gustatives". Stand. figue de mer, scient. janthine.
1. Il n’y a que le gros Charlot devant son banc. Il range ses coquillages et les arrose :
– Oh ! regardez-moi si je suis beau… à la fraîcheur de la mer… approchez, messieurs dames… ici on vous les coupe… crie-t-il à tue-tête… Oh, les beaux violets… la mer, la mer… (Ch. Blavette, Ma Provence en cuisine, 1984 [1961], 121.) 2. […] selon l’humeur de Neptune vous trouverez [dans une poissonnerie de Port-Vendres,
Pyrénées-Orientales] des oursins, des violets, des clovisses* et des palourdes. (É. de Meurville & M. Creignou, Le Guide des gourmands 1991, 1990, 106.)
3. À Marseille, le « violet », on le mange : c’est la figue de mer. Mais il ressemblerait plutôt à une vieille
pomme de terre ratatinée. Et, s’il fait partie ici de tous les plateaux de fruits
de mer, c’est parce qu’à l’intérieur sa partie comestible, non point violette mais
d’un éclatant jaune d’or, possède une remarquable et très forte saveur iodée. La pêche
du violet se pratique en plongée, car il se fixe sur la roche et vit jusqu’à deux cents mètres
de profondeur […]. (M. Biehn, Couleurs de Provence, 2000 [1996], 124.)
4. Je réussis à convaincre Loubet d’aller à L’Oursin, près du Vieux-Port. L’un des meilleurs
endroits pour déguster huîtres, oursins, palourdes et violets. (J.-Cl. Izzo, Chourmo, 1996, 255.)
5. Ce soir, c’était le réveillon […]. Des cagoles* sortaient de chez le coiffeur […]. Les poissonniers débitaient au kilomètre de la
chair grise et rose, pataugeaient dans le goémon, les coquilles d’huîtres, de moules,
de violets. (Fr. Thomazeau, Qui a tué Monsieur Cul ?, 1998 [1997], 41.)
6. Le violet se consomme cru en l’état, et il fait souvent partie du plateau de fruits de mer.
On vérifie sa fraîcheur en le frappant à plusieurs reprises sur la table, ce qui provoque
un raffermissement de la carapace. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 286-287.)
7. Plus difficile, en plongeant[,] de pêcher les violets : ces animaux étranges ont toujours offert aux Marseillais […] une source de plaisanteries
salaces car ils se raidissent quand on les serre dans la main. (RoubaudMars 1998,
21.)
V. encore s.v. clovisse, ex. 1 ; supion, ex. 1.
— Au sing. à valeur générique. Le « violet » si merveilleusement iodé (La Reynière, dans Le Monde Loisirs, 28 juillet 1984, xi).
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Provence, Alpes, Côte-d’Azur, 1995, 356-358 ; id. Languedoc-Roussillon, 1998, 286-287.)
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1876 (Lar), cet emprunt au pr. vioulet (dep. 1848, Honnorat), avec adaptation, a d’abord coexisté dans le français de Provence
avec l’emprunt non adapté vioulet (« Les Vioulets ont une coloration, une taille et un goût propres suivant leur provenance » P. Gourret, Les Pêcheries et les poissons de la Méditerranée, Paris, 1894, 186). Relevé dans RostaingPagnol 1942, 124, le terme est absent de la
lexicographie régionale, preuve, en l’occurrence, de sa parfaite légitimité. Il est
accueilli dans les dictionnaires généraux contemporains de manière diverse : GLLF
"nom usuel, dans le Midi de la France…" ; Rob 1985 « régional » ; NPR 1993-2000 "coquillage de la Méditerranée…" ; TLF et Lar 2000 « zool. ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|