compte n. m.
I. avoir meilleur* compte de.
II. 〈Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise, Normandie, Bretagne, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire,
Vendée, Indre, Cher, Allier, Haute-Saône, Ain, Lyon, Marseille, Pyrénées-Orientales,
Puy-de-Dôme, Corrèze, Dordogne〉 faire son compte loc. verb. fam. Surtout dans des interrogatives directes ou indirectes "s’y prendre". Stand. fam. faire son coup. – Je ne sais pas comment il a fait son compte pour en arriver là (CampsRoussillon 1991). Comment a-t-il fait son compte pour tomber ? (DubuissBonBerryB 1993). Comment as-tu fait ton compte pour te blesser ainsi ? (LepelleyNormandie 1993).
1. Comme j’allais traverser la route, je sais pas comme j’ai fait mon compte, […] j’ai glissé […] et je me suis allongée. (G. de Lanauve, Anaïs Monribot, 1995 [1951], 212.)
2. Comment que j’ai fait mon compte pour me laisser esquinter la main comme ça ? Parole, alors, je deviens idiot ! ou
alors, c’est que je regardais ce petit oiseau et que je pensais à lui. À partir de
maintenant, je penserai plus qu’à mon travail […]. (E. Hemingway, Le Vieil Homme et la mer, trad. de l’anglais par Jean Dutourd, 1965 [1952], 73.)
3. Je ne sais pas comment j’ai fait mon compte, je me suis retrouvé premier prix d’ajustage. (Homme né en 1940, jeunesse dans l’Ain,
puis résidence à Lyon, 21 juin 1999.)
V. encore s.v. corgnole, ex. 8.
◆◆ commentaire. Locution formée sur fr. compte "action d’évaluer une quantité", très peu attestée dans le français de référence (seulement NPR 1993-2000, qui restreint
son emploi à des procès concernant une maladresse, un incident), et que son aire actuelle
de dispersion semble désigner comme un archaïsme ; en dehors de France, on l’a relevée
aussi en Belgique (PohlBelg 1950 « considéré en général comme français [standard] » ; Hanse 1994 ; LeboucBelg 1998, 133) et au Québec (dep. GPFC 1930), où il est courant
(comm. d’A. Thibault et du TLFQ). Tout donne à penser qu’il s’agit en fait d’un tour
du français fam., surtout marqué au coin de l’oralité, aussi répandu dans la langue
qu’il est ignoré par la plupart des dictionnaires du français. Une seule attestation
a pu être trouvée dans la base Frantext : « Fichu malagauche, dit Croquebol, comment diable qu’ t’as fait ton compte ? » (Courteline [né à Tours], Le Train de 8 h 47, 1888) ; v. aussi G. Chérau [né à Niort], Monseigneur voyage, Paris, Éd. J’ai lu, 1967 [1927], 33 « Enfin, comment as-tu fait ton compte ? ».
◇◇ bibliographie. LepelleyBasseNorm 1989 ; CampsRoussillon 1991 ; CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix
1992 ; DubuissBonBerryB 1993 ; LepelleyNormandie 1993 ; RoubaudMars 1998, 89 ; aj.
à FEW 2, 996b, computus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aisne, Nord, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire,
Oise, Pas-de-Calais, Sarthe, Somme, 100 % ; Basse-Normandie, 65 %.
|