corder v. intr.
〈Val-d’Oise, Essonne, Aisne, Orne, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Nièvre〉 fam. corder (avec qqn) "vivre en bonne intelligence (avec quelqu’un), être en bons termes (avec quelqu’un)". Stand. s’entendre. Synon. région. s’arranger*.
1. Bon gré, mal gré, puisqu’on vivait ensemble, il fallait bien, au bout du compte, « corder ». (M. Genevoix, Au cadran de mon clocher, 1997 [1960], 27.)
2. – Comme dit M. Goudou […], ici on « corde » bien avec les gens peu fiers. (R. Sabatier, Les Fillettes chantantes, 1980, 126.)
3. [Les ménages d’aujourd’hui] si ils cordent, ils cordent, si ils cordent point, ils se marient point. (Témoignage oral, recueilli à La Chapelle-Montligeon,
Orne, en 1987, dans M.-R. Simoni-Aurembou, MélLerond 1991, 40.)
4. – […] qu’est-ce que t’ veux qu’ j’y fasse, ils ont ben l’ droit d’ corder [en note : s’accorder] maintenant… Qui s’ ressemble, s’assemble ! (J.-Cl. Ponçon, La Braconne, 1989, 70.)
V. encore s.v. aucun, ex. 3.
— ça corde loc. phrast. "cela convient, cela s’accorde". Stand. fam. ça colle, ça va.
5. Cabre et cabri en somme ça cordait mieux ["ces mots avaient plus de rapports entre eux que chèvre et cabri"]. (Témoin, dans J. Charaud, Les Parlers de la Thiérache et du Laonnois, 1968, 46.)
6. Avant que tu t’installes […], il avait tout le palier pour lui. On y a fait d’assez
jolies bringues. Mais depuis que tu étais là, plus question de recevoir du monde.
Il se plaignait aussi que chaque fois qu’il voulait pisser, il trouvait la place occupée
et toi dedans en train de lire le grand Larousse du xxe siècle. Bref, ça ne pouvait pas corder vous deux […]. (C. Bouchard, Meurtres au lycée, 1996, 162.)
◆◆ commentaire. Dérivé par aphérèse sur fr. accorder, ce verbe est attesté dep. l’afr. (fin 13e s. se corder a qqc. "être d’accord avec qqc.", v. Gdf) et s’est conservé dans les dialectes modernes, de la Picardie au Poitou,
particulièrement en Normandie et dans le Centre. Absent de Rob 1985, ce sens est donné
sans marque (GLLF, avec un ex. de Proust) ou comme « fam., vieilli » (TLF, avec des ex. de Balzac, Méténier, Proust et Colette, auteurs qui semblent dénoter
une aire d’extension ancienne un peu plus large, mais ne détonant pas avec l’aire
actuelle).
◇◇ bibliographie. DuPineauC corder avec qqn ; DuPineauR id. ; BaguenaultOrl 1894 ; EudelBlois 1905 ; ClouzotNiort 1907-1923 ; SimoniAurIledeFr
1991 ; cf. DSR 1997 pour un autre sens ; TLF ; FEW 24, 85b, *accordare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Essonne, Loir-et-Cher, Val-d’Oise, 100 % ; Eure-et-Loir,
65 % ; Loiret, 40 % ; Indre-et-Loire, Seine-et-Marne, 0 %.
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