coucouner v. tr.
fam.
1. 〈Aveyron, Haute-Loire, Cantal, Puy-de-Dôme, Creuse (est), Haute-Vienne, Dordogne, Lot-et-Garonne,
Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 "entourer de soins, de tendresse". Stand. cajoler, câliner, choyer, dorloter. – Mes petits-enfants me coucounent (QuesnelPuy 1993).
1. – Ton drolle [v. drôle Var.] c’est moi qui l’ai nourri, logé, qui lui ai appris l’amour des bêtes ! Ma femme et
ma fille l’ont coucouné à la place de sa mère ! (R. Blanc, Les Amours de l’oncle César, 1986, 31.)
2. Il vivait heureux près de ses animaux qu’il bichonnait comme on coucoune un enfant. (R. Blanc, Les Amours de l’oncle César, 1986, 52.)
3. Les dirigeants [d’une équipe de rugby], fiers de leurs protégés […] nous coucounaient, nous bichonnaient, les soirées n’en finissaient plus de conversations édifiantes,
de belles résolutions, d’horizons radieux. (J. Colombier, Béloni, 1992, 134.)
4. La mère « coucoune » son fils [convalescent après un accident] comme un tout petit enfant. Bien sûr, elle
doit lui boutonner sa chemise, surtout pour le poignet gauche, mais elle veut aussi
le débarbouiller, […] le peigner avec des gestes lents et tendres, lui tailler les
ongles. (A. Aucouturier, La Mère-Nuit, 1998, 13.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
5. Pendant ce temps, Madame était toute à bébé, sursautant au moindre cri, le berçant,
le langeant, le « coucounant » comme l’on dit ici. (R. Blanc, Clément, Noisette, et autres Gascons, 1984, 101.)
— Au part. passé/adj. Cette gamine est bien coucounée (QuesnelPuy 1993).
2. 〈Drôme〉 Emploi pron. réfl. "se blottir, se pelotonner". Mon petit garçon vient souvent se coucouner dans mes bras (FréchetDrôme 1997).
— 〈Loire (Rive-de-Gier), Drôme, Ardèche, Velay〉 au part. passé/adj. Bien coucouné contre sa maman, il n’a pas froid (FréchetAnnonay 1995).
■ variantes.
1. cacouner v. tr. "id.". (JouhandeauGuéret 1955 ; BonnaudAuv 1976).
2. cocouner v. tr. "id.". □ Dans un énoncé définitoire ordinaire. « Cocouner. Du côté des Charentes et en pays poitevin, cela signifie câliner les enfants dans
leur lit le soir, les “border”, comme on aime à dire là-bas, leur raconter des histoires. Et si après cela, on nous
serine encore que nos amis anglo-saxons sont à l’origine de la mode du cocooning, c’est un peu fort. Les preuves irréfutables existent. Y a-t-il quelque chose de plus
“cocounant” – l’orthographe est approximative car nous sommes dans la plus pure des traditions
orales – que les charentaises, justement ? » (Libération, 9 novembre 1989, 41). Seule attestation de cette forme, dans l’état actuel de la
documentation.
3. 〈Var, Sud-Ouest〉 coucouler v. tr. "id.". « Née dix-huit ans après son frère, elle se trouvait pratiquement fille unique, on la
“coucoulait”, comme elle disait » (S. Prou, Le Dit de Marguerite, 1986, 15). (PépinGasc 1895DuclouxBordeaux 1980 ; BoigontierAquit 1991 ; SuireBordeaux
2000). Autre type, attesté aussi dans les patois (FEW 2, 862a, kok-).
◆◆ commentaire. Ce type lexical est représenté dans les patois de Saône-et-Loire (Clessé, Igé), de
la Creuse (Chavanat) et, dep. 1926, dans le français de Mâcon, sous la forme coconner, qui n’a pas été relevée à la fin du 20e s. ; il fait l’objet d’une double étymologie dans FEW (2, 825b, coccum et 862a, kokk-), peut-être à résoudre au bénéfice d’un classement sous ce dernier étymon (où l’on
trouve aussi fr. de Suisse romande cocoler, de même sens, v. DSR 1997), comme dérivé sur bourg. cocon "œuf ; terme d’affection pour un enfant" (avec réinterprétation possible par fr. cocon). On appliquera la même explication aux formes cacouner (dérivé sur cacoua ; à aj. à FEW 2, 823b, coccum) ou coucouner (dérivé sur occ. coucoun), à moins qu’il ne s’agisse dans ce dernier cas d’un emprunt au pr. (cf. Marseille
coucounat "gâté par de petits soins" Achard 1785, rangé s.v. coccum dans FEW 2, 825a). Attesté dans le français du Velay dep. 1884 (coucougner, A. Giron, La Béate, v. ChaurandParlers 1992 2, 476), coucouner et ses variantes couvrent aujourd’hui une aire assez diffuse, comprenant principalement
l’Auvergne et le Sud-Ouest ; il semble en voie de dérégionalisationb.
a Cf. le titre d’un ouvrage pour enfants, de Frédéric Dard, Cacou, l’œuf qui n’en fit qu’à sa tête, Lyon, Éd. Volumétrix, 1945.
b « Tu sais, mon père me coucounait beaucoup » (Femme, études supérieures, 45 ans, père originaire du Cher, 28 juillet 1999) ; « [À un client reconnaissant du service] – Vous êtes coucouné ! – C’est pas un mot lorrain, ça ! – Non, je l’ai appris comme ça, sur la masse [sic], c’est pour rester jeune ! » (Serveuse de restaurant, env. 50 ans, Nancy, 26 septembre 1999) ; « On a l’impression que vous les avez plutôt coucounés, vos joueurs » (Cl. Sérillon au Capitaine de l’équipe de France masculine de tennis, Antenne 2, Journal télévisé de 20 heures, 2 décembre 1999).
◇◇ bibliographie. Mâcon 1926 coconner "embrasser, caresser" ; JouhandeauGuéret 1955, 183 « cacouner, dorloter, caresser, comme la poule couve ses œufs, en les réchauffant. On disait
des enfants : Il fait son cacou, il se fait cacouner » ; BonnaudAuv 1976 cacouner, coucouner ; NouvelAveyr 1978 ; BoisgontierAquit 1991 coucouler, coucouner ; SuireBordeaux 1991 et 2000 coucougner ; FréchetMartVelay 1993 « bien connu à partir de 20 ans, attesté au-dessous » ; QuesnelPuy 1993 « semble reprendre de la vigueur probablement à cause du terme cocooning » ; FréchetAnnonay 1995 « connu à partir de 60 ans, attesté au-dessous » ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu » ; FEW 2, 862a, kok-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Cantal, Haute-Loire, 100 % ; Puy-de-Dôme, 90 %.
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