coulant n. m.
〈Jura, Rhône (Chaponost), Loire, Isère〉 coulant (de serviette) vieillissant "anneau, le plus souvent de bois ou de métal, servant à enserrer une serviette de table
roulée". Stand. rond (de serviette).
1. C’est une fille grande et mince… Elle a des cheveux blonds-roux, des yeux noirs chargés
d’éclats et ayant une forme délicate… Quant à sa taille, elle tiendrait dans un coulant de serviette ! (San-Antonio, À tue.. et à toi, 1972 [1956], 74.)
2. Elle disposa, près de chaque assiette, une serviette roulée et maintenue par son coulant. Du fourneau, Eugénie conseilla :
– N’oublie pas le pain, le litre et le pochon* pour servir la soupe. (Ch. Exbrayat, Le Chemin perdu, 1982, 179.) 3. […] quelques fameux « articles de Saint-Claude », fabriqués ici [à Saint-Claude, Jura] et dans de nombreux villages du Jura depuis
le xviie siècle par les tourneurs : fume-cigarettes, tabatières, écritoires, chandeliers,
boutons, coulants de serviette… (Version Femme, Supplément dominical de L’Est républicain, 2 juillet 2000, 36.)
— Au fig. avoir son coulant de serviette chez qqn/quelque part loc. verb. "avoir ses habitudes quelque part, s’y trouver comme chez soi ; être toujours bienvenu". Stand. avoir son rond de serviette chez qqn/quelque part.
● Par ironie.
4. – Écoute, Mathieu […] n’oublie pas que tu as encore ton coulant de serviette à Poissy [= maison d’arrêt]. Quand on a un pedigree comme le tien, on tâche à faire
plaisir à m’sieur l’agent chaque fois que l’occasion se présente, tu comprends ?…
(San-Antonio, Ça tourne au vinaigre, 1972 [1956], 59-60.)
■ remarques. Le mot vieillit en raison d’une utilisation de plus en plus réduite du référent.
◆◆ commentaire. Ce sens particulier de fr. coulant (subst. participial de fr. couler) "pièce en forme d’anneau qui glisse le long de qqc." (attesté, dans un emploi méton., dep. 1689, DDL) s’inscrit parmi les autres emplois
du mot, à côté de coulant d’une bourse, d’une ceinture, d’un collier. Enregistré dans la lexicographie régionale dep. 1857 dans le Doubs (Mounier), en
1894 à Lyon (Puitspelu), observé en 1913 à Vienne, Isère (J. Ronjat, Le Développement du langage observé chez un enfant bilingue, § 2, 5), il n’apparaît dans la lexicographie générale qu’au 20e s., pour être dans le même temps qualifié de « vx » (GLLF avec ex. de Balzac, s.d. ; Rob 1985 ; TLF avec ex. de Balzac 1850). Il est
aussi documenté en 1908 dans A. France (Frantext), mais ne semble conserver quelque vitalité que dans la région lyonnaise et sa zone
d’influence.
◇◇ bibliographie. MonnierDoubs 1857 ; GuilleLouhans 1894-1902 ; PuitspeluLyon 1894 ; MiègeLyon 1937
« je n’aurais pas l’idée de dire “rond de serviette” et beaucoup avec moi » ; JamotChaponost 1975, 58 ; MaurelFirminy 1989 ; LaloyIsère 1995 ; FEW 2, 880b, colare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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