pochon2 n. m.
〈Saône-et-Loire (est), Côte-d’Or, Haute-Marne (est), Vosges (ouest), Franche-Comté,
Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère (La Mure), Drôme〉 fam. "grosse cuiller en bois ou en métal, destinée à divers usages domestiques ; en part. grande cuiller creuse, en métal, à long manche, pour servir le potage". Stand. louche. Synon. région. poche2*. – Le pochon pour servir la soupe (Ch. Exbrayat, Le Chemin perdu, 1982, 179). Les écuelles, les cuillères, le pochon (M.-Th. Boiteux, Les Renards cuisent au four, 1990, 163). Le Pochon magique (enseigne d’un restaurant de Belfort).
1. […] une jatte de crème – crème inconnue des citadins, d’une blancheur virginale, qui
fait le ruban quand le pochon la verse sur un fromage démoulé. (F. Deschamps, Croque en bouche, 1980 [1976], 85.)
2. […] Poulardin avait eu l’idée saugrenue d’amener un « pochon » barboté dans le buffet de sa grand-mère. (Histoires et Traditions du Doubs, 1982, 10.)
3. […] défiler au pas de l’oie dans la clairière, en tapant de toutes ses forces sur
le cul d’une bassine avec un pochon. (R. Vuillemin, La Victoire des vingt culs, 1990, 157.)
4. S’emparant de la soupière placée devant lui, le grand Bertoux y vida la bonne moitié
d’un pot de vin. Saisissant le « pochon », il remplit de nouveau son assiette. (P. Arnoux, Les Loups de la Mal’Côte, 1991, 162.)
V. encore s.v. coulant, ex. 2.
■ remarques. Parfois "petite louche" (BessatGerMtBl 1991).
— tenir le pochon loc. verb. fig. fam. "être la maîtresse, commander dans une maison". Stand. porter la culotte. Synon. région couper le farci*.
5. – Elle avait raison, Caroline ! Il faut respecter sa bru !
– Tu causeras quand tu en auras une à la maison qui cherchera à tenir le pochon ! (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 182.) ■ prononciation. Souvent [poʃɔ̃], notamment en Bourgogne.
◆◆ commentaire. Sensiblement de même aire que fr. région. poche (v. ci-dessus poche2), sur lequel il est dérivé avec le suffixe ‑on, pochon est attesté dep. 1420 dans le français de Savoie (Chiquart, éd. Scully, gloss.),
1476 en Suisse romande (Pierreh ; DSR). Non marqué dans Littré 1868 et LarGastr 1938
(« louche ou pochon » légende d’une photographie, 948), il est indiqué à juste titre comme régional dans
les dictionnaires contemporains, ainsi GLLF « encore […] dans certaines régions », TLF « région. (notamment Savoie) », Rob 1985 « régional » (avec un ex. de J.-R. Bloch, inadéquat, qui illustre en fait pochon "sac, sachet"), NPR 1993-2000 « techn. ou région. » et Lar 2000 « Suisse ». La loc. tenir le pochon est illustrée par une ancienne coutume dont on a plusieurs descriptionsa.
a Ainsi BoillotGrCombe 1929 : « Après la cérémonie à la mairie et à l’église, le marié prenait le bras de l’épousée
pour la reconduire au domicile conjugal où avaient lieu quelques formalités d’usage ;
[…] arrivée dans la maison on lui présentait la queue d’un “pochon” afin de lui confier toute autorité et les soins de la maison. »
◇◇ bibliographie. SchneiderRézDoubs 1786 ; ChambonHSaône 1989 [1812] ; MonnierJura 1824 pôchon ; MonnierDoubs 1859 ; GasconDole 1870 ; ContejeanMontbéliard 1876 ; BeauquierDoubs
1881 ; PuitspeluLyon 1894 ; FertiaultVerdChal 1896 ; CarrezHJura 1901 et 1906 ; ConstDésSav
1902 ; GuilleLouhans 1894-1902 ; Mâcon 1903 (et 1926 dans la définition s.v. pochonnier) ; BlochVosgesMérFr 1921, 128 « Le dérivé pochon, louche de table, n’est pas caractéristique de notre région ; on le connaît aussi
dans la Suisse Romande et ailleurs » ; CollinetPontarlier 1925 ; BoillotGrCombe 1929 ; MiègeLyon 1937 ; DuraffVaux 1941 ;
GarneretLantenne 1959 ; DelortStClaude [ca 1977] ; GrandMignovillard 1977 ; BichetRougemont 1979 ; RouffiangeMagny 1983 pôchon « Le mot louche n’est jamais employé » ; DuraffHJura 1986 « régionalisme inconscient » ; RouffiangeAymé 1989 (ex. de 1929) ; DucMure 1990 "louche à lessive ; louche pour le lait" ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; TavBourg 1991 « pôchon très vivant en Côte-d’Or et en Bresse (où “louche” est senti comme littéraire) » ; TrouttetHDoubs 1991 ; ColinParlComt 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel au-dessus de 60 ans, en déclin rapide au-dessous » ; DuchetSFrComt 1993 ; GagnySavoie 1993 "louche pour puiser l’eau ; écrémoire" ; VurpasLyonnais 1993 « connu » ; RobezMorez 1995 « courant partout » ; SalmonLyon 1995 ; CottetLyon 1996 « Très usité. Mais chez nous le pochon désignait la louche de la cuisine, en fer blanc,
celle de la salle à manger, en argent[,] s’appelant une louche » ; DSR 1997 (avec bibliographie) ; FréchetDrôme 1997 « connu à Anneyron et Die » ; FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 ; LesigneBassignyVôge 1999 ; ChambonÉtudes
1999, 232 ; ALB 1484 ; ALFC 963 ; ALJA 1212 ; ALLy 624 ; FEW 9, 176b, popia.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Saône-et-Loire, 50 % ; Nièvre, 15 %.
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