couze n. f.
〈Puy-de-Dôme〉 géogr., littér. "(nom générique de plusieurs rivières torrentielles des Monts Dore et du Cézallier,
(sous-) affluents de gauche de l’Allier dans le sud du département du Puy-de-Dôme)". Les gorges des couzes (Chamina, Balades à pied en Auvergne. Pays Coupé, Lembron & Couzes, 1989 [1986], 78, 81) ; de couze en couze (J.-P. Marty, Sentiers et randonnées d’Auvergne, 1977, 101) ; au fil des couzes (Guide Bleu. Auvergne, Bourbonnais, Velay, 1992, 52).
1. Vers la plaine, elles [les vallées] s’évasent : le vignoble y couvre les côtes, égayé
de pêchers, d’abricotiers. En amont, sur les fines alluvions, les vergers de pommiers
s’abreuvent aux couzes. (H. Pourrat, En Auvergne, 1966 [1950], 259.)
2. La plus sportive est certainement la pêche à la truite (grise de montagne ou fario
noire à taches rouges) dans les torrents et les ruisseaux : il faut être bon marcheur
et parfois avoir le pied montagnard pour pêcher certaines « couzes » ou certaines « rhues » cantaliennes. (A. Pourrat, Traditions d’Auvergne, 1976, 99.)
3. […] entre les Monts Dore et la Limagne d’Issoire, dans le pays des Couzes – Couze est le nom local des petites rivières comme Gave celui des affluents béarnais
de l’Adour –, haché de failles, alternent bassins élargis et blocs surélevés où les couzes s’encaissent […]. (M. Derruau, dans P. Charbonnier et al., Auvergne, 1985, 318.)
4. Les rivières qui naissent dans les monts Dore ou le Cézallier et vont se jeter dans
l’Allier se ressemblent étrangement. Ces torrents d’eaux vives s’encaissent dans des
gorges, suivant le même tracé que les coulées de lave ; dans la région on les appelle
des couzes. […] / Les couzes dévalent entre les échines parfois couronnées de coulées volcaniques anciennes ou
courent dans des vallées récentes. (Guide Bleu. Auvergne, Bourbonnais, Velay, 1992, 52.)
5. De la limagne d’Issoire, les routes gagnent les montagnes volcaniques de l’ouest par
des vallées où coulent les « couzes » : Couze Chambon au nord, Couze Pavin qui passe à Issoire, Couze d’Ardes au sud et
son affluent le Couzillou. (Guide Bleu. Auvergne, Bourbonnais, Velay, 1992, 311.)
6. Sur ces terres volcaniques grêlées de lacs de cratères, lacérées de couzes tordues à l’infini, qu’interrompent les sauts des cascades bouillonnantes, bourrasques
et tempêtes déferlent et tourbillonnent semblables à des enfants lâchés sur une aire
de jeux sans limite. (J.-P. Leclerc, D’un hiver à l’autre, 1997, 10.)
□ En emploi autonymique.
7. De la première Couze à la troisième, – on dit couze, ici, comme dans les Pyrénées on dit gave, – du verrou granitique de Coudes à celui de Saint-Loup, les assises usées de la vieille
roche, les épanchements et les bourgeonnements de la lave ceignent cette plaine effondrée
d’Issoire d’un rempart à cent replis. (H. Pourrat, En Auvergne, 1966 [1950], 69.)
8. couze / rivière (s’applique aux rivières torrentielles entre monts Dore et Limagne) (A. Fel,
L’Auvergne, le Bourbonnais, 1973, 80 [« Quelques termes locaux »].)
9. Le terme de couze, sans majuscule, est un nom commun, utilisé dans une petite région de l’Auvergne pour
désigner un gros ruisseau descendant de la montagne à la plaine et se jetant dans
l’Allier. On dit couze comme on dit gave dans les Pyrénées occidentales. (Chamina, Balades à pied en Auvergne. Pays Coupé, Lembron & Couzes, 1989 [1986], 13.)
V. encore Guide Bleu. Auvergne, Bourbonnais, Velay, 1992, 14, s.v. couze.
◆◆ commentaire. Régionalisme d’origine détoponymique. Le nom propre de rivière *Coìsa, d’étymologie préceltique (NègreTGF, § 1041), a été appliqué, très anciennement,
au moins à la Couze d’Ardes (aqua quæ nominatur Cosa 1011/1031, CartBrioude n° 333, et cf. Couzance, commune de Madriat, < prélat. *Cosa-ntia, DauzatTF 184) et à la Couze Pavin, à en juger par le dérivé prélatin Coudes (cant. d’Issoire) < *cós-ate (DauzatTF 190) ; d’où la série, avec déterminants dans la nomenclature officielle,
(la) Couze (de) Pavin, (la) Couze (de) Chambon, (la) Couze d’Ardes, (la) Couze de
Valbeleixa. Sur la base de cet hydronyme à plusieurs exemplaires, qui ne possède aucun corrélat
dans le lexique à l’époque historiqueb, on a tiré, au début du 19e s. (1834, « Une couze (nom générique des torrens) », B. Gonod, Puy-de-Dôme, Paris/Clermont-Ferrand/Riom, 1834, 5 ; 1874, « Toutes les rivières sont désignées sous le nom de couzes », Primes d’honneur 430), par une opération métalinguistique savante et consciente d’elle-même (à laquelle
les ex. 3, 7 et surtout 9 tentent de prêter quelques racines locales et populaires),
le nom commun générique couze, qui est resté surtout caractéristique des discours géographique (régional) ou régionalistec. L’exemple 8 est une tentative sans tradition lexicographique.
a On parle aussi de Couze d’Issoire (= Couze Pavin) et de Couze Champeix (= Couze Chambon). On trouve encore Couze de Surains, Couze de Chaudefour (IGN, Massif du Sancy, Carte touristique 1 :25000. – Cf. encore Couze (comm. du Broc, Puy-de-Dôme), peut-être ancien nom du Lembronnet (Chambon RIO 28,
56).
b Bien entendu, la kuzå (avec article défini) relevé par ALAL 230 pt 10, carte ruisseau, n’est que le nom
propre de la rivière.
c Le parallèle avec gave (cf. ex. 3, 7, 9), qui est aussi un authentique appellatif, n’est pas valable. Exemples
parallèles ; boralde (Aveyron), rhue (Cantal ; v. ex. 2), limagne.
◇◇ bibliographie. Ø FEW (article Couze à aj. FEW 2) ; ChambonMatAuv 1994, 26.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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